Par

Adrien Filoche

Publié le

31 juil. 2025 à 17h00

Chaque jeudi, le Quartier Libre de Rouen propose une viewing party (soirée de visionnage) de l’épisode de la semaine de la saison All Star de Drag Race France. Animées par Délice D’orge J, drag-queen rouennaise qui a commencé la scène depuis deux ans, les premières soirées ont affiché salle comble. « Je ne m’attendais pas à ce que ça fonctionne aussi bien », commente l’artiste. Vers 21 heures, l’épisode se lance. Les spectateurs et l’animatrice drag interagissent, discutent et commentent. Puis, on passe sur 30 minutes de spectacle drag. De quoi promouvoir les artistes locaux. Mais malgré des débuts encourageants, les viewing parties rive gauche vont cesser, faute de rentabilité.

« Le côté financier est un peu un frein »

À Rouen, le Quartier Libre a été l’un des pionniers de Rouen à véritablement lancer la scène drag avec des drags parties organisées dès 2022, dans la foulée de l’explosion de Drag Race en France, dont la première saison a été diffusée en juin 2022.

« On a invité les queens de Drag Race, comme Paloma. Mais ces évènements ont des coûts très importants. Ce n’est pas supportable financièrement, même si on continue à se battre pour en organiser », explique Leylann Berquin, à la communication du Quartier Libre.

La scène rouennaise n’est pas encore assez développée pour proposer régulièrement des gros évènements.

Le Quartier Libre

Le Quartier Libre avait donc pris le parti de se recentrer sur des plus petits spectacles, permettant de mettre en avant des drags locales, à l’instar de Délice D’orge J. Mais là encore, le côté financier rend la difficile la pérennisation de ce type d’évènements.

« Je connais pas mal de drags qui aimeraient venir plus souvent à Rouen, mais il faut discuter budget », souligne Délice D’orge J. Et d’ajouter : « Le drag, ça demande beaucoup d’investissements pour le maquillage, les tenues, mais pas que ». Selon elle, « c’est encore difficile de se produire dans les lieux tout public. Il y a des établissements intéressés par le côté spectacle, mais le côté financier est un peu un frein ».

Pour la suite des viewing, Délice D’orge J explique s’être rapprochée d’un autre établissement de Rouen. Reste à voir dans quelle mesure tout cela pourra s’organiser.

« Le public rouennais est prêt à accueillir des drags »

Le Quartier Libre n’est pas le seul lieu de Rouen à proposer des scènes drags. C’est d’ailleurs au Milk (le bar préféré des Rouennais 2024) et non au Quartier Libre que Délice D’orge J a fait sa première scène en 2024, au côté de Kitty Space, la participante de la saison 2 de Drag Race France, pour l’anniversaire des neuf ans de l’établissement.

Délice D'orge J, a débuté le drag en 2023 et a fait sa première scène au Milk en 2024.
Délice D’orge J a débuté le drag en 2023 et a fait sa première scène au Milk en 2024. (©JB/76actu)

Si Le Milk n’a pas la capacité d’accueil pour organiser des évènements aussi importants que le Quartier Libre, il s’inscrit tout de même dans la liste des lieux de choix pour le public queer et drag. « Généralement, ce sont des évènements ponctuels, organisés pour les grandes dates de l’établissement. On est toujours très heureux d’accueillir des drags à rayonnement international [comme Soa de Muse, candidate de trois éditions de Drag Race dont une internationale] », présente Antoine Tiennot, le co-gérant.

Selon lui, « le public rouennais est prêt à accueillir et aller voir des artistes drags. À travers ces évènements, on a vu des jeunes personnes qui ont commencé à prendre confiance et qui se sont lancées dans le drag ».

Une scène en cours de développement

D’autres drags locales, à l’instar de Plexy Glam, une artiste de la région rouennaise qui se produit depuis deux ans avec la troupe du cabaret La Sirène à Barbe à Dieppe, tentent également de faire prospérer la scène drag à Rouen. La troupe s’est d’ailleurs déjà produite à de nombreuses reprises au Théâtre à l’Ouest, et elle y reviendra pour cinq nouvelles dates d’ici la fin de l’année 2025.

« J’essaye de percer à Rouen, mais ce n’est pas simple », commente en souriant Plexy Glam. Son constat rejoint celui déjà établi : « J’ai l’impression qu’il y a encore assez peu de lieux de spectacles qui sont prêts à mettre de l’argent pour accueillir des drags. »

Quand on performe au Théâtre à l’Ouest ou à la Sirène, on voit que les les gens sont contents, ils sont émerveillés. On sent qu’il y a une vraie demande.

Plexy Glam,
artiste drag-queen

Selon elle, il faut que la scène locale s’organise d’avantage et « que l’on propose des choses. Il y a une vraie volonté, mais ça décolle lentement. C’est ce que moi j’observe en tout cas. »

Le constat partagé, c’est que des drags locales se développent, veulent performer à Rouen, mais que « la scène rouennaise est encore un peu timide », comme le résume Plexy Glass. « Doucement, mais sûrement », note à son tour Délice d’orge J.

À en croire les drags locales et les établissements, il semble tout de même y avoir un potentiel dans la cité normande avec l’émergence de figures locales et de plus en plus de spectacles, même si aujourd’hui, la scène n’en est qu’à ses balbutiements. Mais qui sait, un jour, peut-être qu’une drag de Rouen deviendra la nouvelle reine de Drag Race France, et propulsera la cité dans une autre dimension.

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