Grâce à la levée du « frein à l’endettement », votée en mars, la coalition gouvernementale du chancelier Friedrich Merz, va pouvoir sortir le « grand bazooka » pour doter l’Allemagne de « l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe ». Ce qui suppose évidemment une hausse substantielle du budget de la Bundeswehr dans les années à venir, l’objectif étant de le porter à 3,5 % du PIB [soit 153 milliards d’euros] d’ici 2029, conformément à ses engagements à l’égard de l’Otan.

Aussi, ce contexte est propice aux « fuites », fondées ou non, sur les programmes qu’entend lancer le ministère allemand de la Défense. Ainsi, ces dernières semaines, il lui a été prêté l’intention d’acquérir une quinzaine de chasseurs-bombardiers F-35A supplémentaires… ce qu’il a fini par démentir. En revanche, il a confirmé sa volonté de se procurer des lanceurs Typhon auprès des États-Unis, afin de renforcer les capacités de la Bundeswehr en matière de frappe dans la profondeur.

Début juillet, l’agence Bloomberg a rapporté que Berlin envisageait de commander un millier de chars Leopard 2A8 [ou Leopard 3] ainsi que 2 500 blindés à roues ARTEC Boxer. Ce qui n’a pas été confirmé depuis.

Depuis, les plans ont évolué étant donné que, il y a quelques jours, la même source a affirmé que la Bundeswehr avait l’intention de se procurer pas moins 3 500 ARTEC Boxer et de remplacer ses véhicules de transport de troupes Fuchs par 5 000 Patria 6×6, dans le cadre du programme CAVS [Common Armoured Vehicle System], lancé par la Finlande et la Lettonie en 2020. Enfin, Bloomberg a aussi évoqué la commande 20 avions de combat Eurofighter EF2000 supplémentaires… ce qui n’est pas une nouveauté puisqu’elle a été annoncée en juin 2024 par Olaf Scholz, le prédécesseur de l’actuel chancelier.

Ces informations ont été en partie recoupées par Reuters. « En partie » parce que les chiffres qu’elle a communiqués ne concordent pas avec ceux donnés par Bloomberg. Ainsi, selon deux sources « proches du dossier » qu’elle a sollicitées, l’agence de presse britannique a affirmé que la Bundeswehr comptait commander 3 000 Boxer et 3 500 Patria 6×6. Ce qui est déjà conséquent.

En tout cas, ce qui est certain, c’est que Berlin entend demander au Bundestag de porter le budget de la Bundeswehr à plus de 100 milliards d’euros en 2026.

Dans le détail, le budget « normal » du ministère de la Défense devrait atteindre 82,7 milliards d’euros l’an prochain. Cette somme sera complétée par une enveloppe de 25,5 milliards d’euros, prélevée sur le Fonds spécial de la Bundeswehr. Au total, cette dernière devrait donc disposer de 108,2 milliards d’euros en 2026.

À titre de comparaison, et après les annonces faites par le président Macron le 13 juillet, le budget du ministère des Armées s’élèvera à 57,2 milliards d’euros l’an prochain [+ 6,7 milliards] … Soit un montant presque deux fois moindre que celui dont disposeront les forces allemandes, alors que celles-ci n’ont pas à financer de dissuasion nucléaire.

Pour rappel, il est question que les forces françaises puissent disposer d’un budget de 64 milliards d’euros en 2027 et non en 2029, comme l’avait prévu la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30.

« Outre les investissements nécessaires pour les équipements et les infrastructures, ce projet de budget crée les conditions essentielles à la poursuite du développement de la Bundeswehr. À cette fin, 10 000 postes militaires et 2 000 emplois civils supplémentaires seront créés en 2026. […] Par ailleurs, 20 000 postes ‘temporaires’ seront créés dans le cadre du nouveau service militaire », a précisé le gouvernement allemand.

« Avec le budget 2026, non seulement nous renforcerons l’équipement et les infrastructures mais nous investirons spécifiquement dans le personnel. Ce n’est qu’avec un maximum d’hommes et de femmes engagés que nous pourrons transformer les technologies de pointe en puissance militaire. […] Nous renforcerons donc les troupes d’active en créant de nombreux postes au sein de la Bundeswehr et nous mettrons en place le nouveau service militaire, ce qui vitaliser la réserve. Nous constatons déjà une augmentation des candidatures et des recrutements. Nous souhaitons poursuivre sur cette lancée », a commenté Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense.