Durant la première partie du championnat, Maverick Viñales a souvent fait office de référence dans le groupe KTM. C’est lui qui s’est battu pour la victoire au Qatar, lui aussi qui a fêté le premier podium de la marque cette année avant d’être déclassé. Jusqu’à l’émergence de Pedro Acosta à partir de la mi-mai, c’est bien le pilote Tech3, nouveau venu dans le groupe, qui a le plus brillé par ses performances.

Au-delà de ce qu’il a pu réaliser en piste, Viñales a également frappé par son attitude positive. Depuis qu’il a rejoint la marque autrichienne, l’Espagnol est toujours apparu joyeux, affichant un optimisme à toute épreuve. Même lorsqu’il a dû faire face à des problèmes techniques ou qu’il a été la victime malheureuse d’incidents de course, il est resté motivé et s’est toujours efforcé de se tourner vers l’avenir.

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« Si vous regardez son profil, jusqu’à présent, il n’était pas vraiment facile à gérer. Je me souviens de l’époque où il était chez Yamaha », explique Hervé Poncharal, le patron de l’équipe Tech3, dans une interview pour l’édition allemande de Motorsport.com. « Il n’a jamais été quelqu’un de régulier. L’année dernière, il a gagné au Texas, et les courses suivantes ont été difficiles. Ses performances ont beaucoup fluctué. »

« Je m’étais donc posé la question : comment allions-nous nous entendre ? S’agirait-il d’une bonne coopération ou d’une relation tendue, comme chez Yamaha ? C’était un grand point d’interrogation pour moi. Mais depuis que Maverick a rejoint KTM et Tech3, c’est comme un rêve. »

« Je n’avais jamais travaillé avec lui auparavant. Certains disent que c’est un nouveau Maverick, un Maverick différent. Peut-être, car je n’ai jamais connu l’ancien. Pour moi, Maverick est fantastique. En tant que personne, il est toujours positif, toujours amical, toujours poli, et il se soucie profondément de son équipe. Bien sûr, nous avons parfois eu des problèmes, mais ce n’était jamais à cause de lui. »

Maverick Vinales, Red Bull KTM Tech 3

L’intégration de Maverick Viñales chez Tech3 et KTM a été parfaite.

Photo de : Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

« Ce que j’admire, c’est que quand il y a un problème technique, certains pilotes reviennent au stand en colère, en criant, en jetant leur casque, en cassant les éléments du garage. Lui ne fait jamais ça. Cela n’a pas toujours été facile depuis le début de la saison, mais il est toujours resté calme », se félicite Hervé Poncharal.

« C’est un excellent membre de l’équipe. Et il croit au projet KTM, plus que quiconque. Avoir un pilote comme lui est un rêve. Je crois que, vu de l’extérieur, c’est le meilleur Maverick. »

Une manière atypique de piloter et de régler la KTM

Après avoir roulé pour Suzuki, Yamaha et Aprilia, et gagné avec chacune de ces trois marques, Maverick Viñales, aujourd’hui trentenaire, expérimente une quatrième moto avec la KTM. Cette expérience a certainement contribué à son adaptation rapide, au contraire de son coéquipier Enea Bastianini, qui a connu toutes les peines du monde à se faire à la RC16 dans la première partie de la saison.

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Accidenté au Sachsenring, Viñales a dû, pour la première fois de sa carrière, manquer des courses pour cause de blessure. C’est Pol Espargaró qui a assuré son remplacement à Brno, et le pilote d’essais de KTM a livré un regard intéressant sur ce que son compatriote fait de si efficace avec cette moto.

« Maverick utilise des réglages très différents des autres. Ils ont mis du temps à adapter [la KTM] à ces réglages, pour en faire une moto différente, disons, avec les réglages que Maverick aime », a-t-il expliqué en République tchèque.

« Ce sont de gros changements au niveau des réglages et si on veut piloter la moto [avec ces réglages], il faut complètement changer de pilotage. Si vous regardez la manière dont il pilote, il ne se met pas en travers comme Brad [Binder] ou Pedro, il a plus l’avant et l’arrière alignés. »

« Avec son style, on a un peu moins de sensations sur le pneu avant, et cela complique énormément la vie des pilotes qui n’y sont pas habitués. Ce n’est pas facile, il ne s’agit pas juste de passer d’un réglage à l’autre, mais c’est fantastique parce qu’il nous montre qu’il y a une autre voie pour être rapide avec la KTM. »

Maverick Vinales montre une manière inhabituelle de piloter la KTM.

Maverick Viñales montre une manière inhabituelle de piloter la KTM.

Photo de : Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Avec son chef mécanicien, Manuel Cazeaux, qui le suit depuis plusieurs années et a lui aussi découvert KTM cette saison, Maverick Viñales a tracé sa propre voie, et celle-ci fonctionne à en juger par ses performances. « Ce que Maverick fait est impressionnant. C’est toujours impressionnant d’être le premier à faire quelque chose. Il est le premier à être rapide avec ces réglages et c’est fantastique », explique Pol Espargaró.

« Je crois que Pedro a essayé en début d’année et c’est très difficile, il faut vraiment complètement changer son pilotage, la façon de freiner, le niveau de frein moteur, le niveau de couple… Pedro pilote beaucoup sur l’avant, il le sent pas mal, comme moi », compare le pilote d’essais de KTM.

« Or, quand on utilise les réglages de Maverick, on perd beaucoup d’informations sur l’avant donc il faut être super doux avec l’avant et rester en ligne. On voit qu’il n’y a pas de mouvements quand Maverick pilote, alors que quand on voit Pedro, il bouge plus sur la moto, c’est plus agressif. Ça change beaucoup les choses. C’est sympa, ça montre les différentes façons d’être rapide et c’est beau. »

Hervé Poncharal : Viñales est le capitaine chez KTM

Alors que Massimo Rivola avait voulu faire de lui le nouveau « capitaine » d’Aprilia lorsqu’Aleix Espargaró a décidé de quitter l’équipe, Maverick Viñales avait surpris en optant pour une voie différente. Il venait à peine de gagner pour la première fois avec la moto italienne mais a choisi de passer chez KTM. Aujourd’hui, grâce à ses commentaires techniques et ses performances, il a bel et bien évolué vers ce rôle de leader.

« Il est le capitaine parce qu’il a beaucoup d’expérience. Il est passé par de nombreux constructeurs », explique Hervé Poncharal. « Et je peux vous dire que pour des raisons que je ne comprends pas, Pedro était un peu perdu au début de la saison par rapport à ce que nous avons réalisé l’année dernière. Or, Maverick aide tout le monde, y compris Pedro, parce qu’il est la référence. On suit toujours le plus rapide et Maverick a souvent été le plus rapide. Cela apporte du calme et de la confiance aux autres pilotes. »

Hervé Poncharal est ravi de sa recrue.

Hervé Poncharal est ravi de sa recrue.

Photo de : Alexander Trienitz

« Maverick est un homme très sympathique. Il est plus âgé que certains, notamment Pedro, et il le traite comme un petit frère. Il lui dit : ‘Je suis là pour t’aider, nous ne sommes pas rivaux’. Il se comporte désormais comme le capitaine. Même s’il ne voulait pas le faire, maintenant il agit vraiment comme un capitaine. »

« En même temps, Maverick est très modeste et humble. Il ne dit jamais : ‘Je suis meilleur que les autres’. Il dit : ‘Travaillons ensemble. C’est un projet qui me plaît, mais nous devons nous aider les uns les autres, nous devons travailler en équipe’. »

Malgré l’absence de Maverick Viñales, Brno a été un grand succès pour KTM avec les médailles de Pedro Acosta et d’Enea Bastianini en course sprint et la troisième place de l’Espagnol dans le Grand Prix. L’aîné de ce petit groupe a maintenant jusqu’à la mi-août pour se remettre de sa blessure à l’épaule et tenter de reprendre sa belle saison en Autriche.

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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