CULTURE. Amélie Dubois a illustré plusieurs livres et albums pour la jeunesse, dessiné pour des magazines ainsi que pour la télévision, mais sa nouvelle bande dessinée “La clé des bois” est le tout premier ouvrage dont elle est aussi l’autrice.  

“Cette opportunité s’est présentée à moi. J’ai décidé d’aller de l’avant parce que je sentais qu’on me faisait confiance. J’étais tellement inspirée par ce que je vivais, mon travail, le décor, l’historique de l’endroit… Je pouvais pas remettre ça dans les mains de quelqu’un d’autre. Il fallait que ça vienne de moi et je sentais que j’avais quelque chose à dire”, confie Amélie Dubois. 

Dans cette première autofiction, elle explore la question du recommencement, des bifurcations et du rappel à la terre. Elle raconte l’histoire d’une trentenaire qui décide subitement de quitter Montréal pour s’établir chez son amoureux à Trois-Rivières après avoir perdu son emploi dans une compagnie d’effets visuels d’où elle est remerciée sans cérémonie.

En Mauricie, elle trouve du travail dans une pépinière forestière. L’autrice et illustratrice y raconte avec humour et vulnérabilité sa première saison d’acclimatation à un nouvel environnement, un nouveau rythme, dicté par la nature. 

“C’était une expérience tellement marquante et tellement loin de moi à la fois. C’est quelque chose que je n’avais jamais connu, alors ça ne pouvait pas être autre chose qu’inspirant. C’était gros ce que je vivais. J’écrivais beaucoup aussi, notamment des anecdotes qui se passaient à la pépinière. Je me disais qu’il y avait tellement de matière, lance Amélie Dubois. J’ai été la première surprise par l’ampleur de la tâche. Mon conjoint y travaille depuis 20 ans. Il avait beau m’expliquer ses journées, mais tu ne peux pas imaginer ce que c’est tant que tu ne l’as pas vécu. Être travailleur saisonnier, c’est un mode de vie.”

Si elle a été marquée par les journées souvent éreintantes de cette première saison de travail à la pépinière, elle retient surtout l’authenticité des personnes qui y travaillent. “Il y a des gens si intéressants, des personnes authentiques dont les vies sont loin de la mienne, avec d’autres valeurs. Ce sont des gens de famille, de communauté et d’entraide. Ça venait me chercher beaucoup, tout comme leur générosité.”

À la pépinière, personne ne sait qu’Amélie Dubois est illustratrice. Elle ne souhaitait pas attirer l’attention avec ça. “Je voulais faire mon travail là-bas. D’ailleurs, on voit dans le livre que le personnage parle peu. Je fais plus parler les gens. C’est un peu ce qui se passe là-bas aussi. J’écoute beaucoup. Si ça vient à leurs oreilles, tant mieux!”

L’autrice et illustratrice a travaillé sur ce projet pendant trois ans. Elle a apprécié la liberté que lui a procuré la création de cette bande dessinée. “C’est le projet dans lequel je me suis sentie le plus moi.”

Ça paraît. L’histoire respire à travers les illustrations réalisées au crayon, forçant le lecteur à émerger du tourbillon du quotidien pour prendre le temps de respirer à son tour et de plonger en pleine nature, au cœur de la pépinière. 

L’expérience a d’ailleurs donné le goût à Amélie Dubois d’explorer un peu plus sa plume. Elle travaille notamment sur un album jeunesse qui lui permettra d’explorer un style d’écriture plus léger.

“Je savais que je pouvais toucher les gens avec mes illustrations, que mes images allaient chercher les gens. Pour l’écriture, je n’en avais aucune idée! Je me fiais à ce que mon éditeur me disait, mais c’est le public qui décide, au final, si c’est agréable à lire. Jusqu’à présent, la réponse est super bonne et ça m’encourage à écrire. Ce projet m’a donné la piqûre de l’écriture et je sens que j’ai plein de choses à dire”, conclut-elle.

La bande dessinée “La clé des bois”, publiée aux éditions Nouvelle Adresse, est disponible en librairie.