Il n’y a pas que les touristes qui débarquent dans le Var en plein été. Ce jeudi matin, à 8h30, un navire militaire flambant neuf a franchi la passe de la petite rade de Toulon, sous les gerbes d’honneur des remorqueurs.
Il s’agit du bâtiment ravitailleur de forces (BRF) Jacques Stosskopf. Un joli bébé de 194mètres de long pour un déplacement de 31.000 tonnes en charge, ce qui en fait l’un des plus gros navires de la Marine nationale.
Sorti des Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire, à la fin du mois de juin, le Jacques Stosskopf sera désormais basé au pied du Faron, dans le plus grand port militaire d’Europe.
Baptisé en hommage à un héros de la Résistance
À la différence des autres coques grises du plan d’eau, celle du BRF n’est pas destinée au combat naval. Ou indirectement.
Comme son nom l’indique, et même si son système d’autodéfense lui permet de faire face aux « menaces asymétriques », il est surtout là pour ravitailler les autres navires de guerre en carburant – jusqu’à 13.000m3 de capacité d’emport – ou en fret, type nourriture, munitions, médicaments, voire pièces de rechange.
Dans un peloton cycliste, il serait un peu le porteur de bidons de l’équipe.
Les marins préfèrent l’image de « cordon ombilical ».
Le Jacques Stosskopf rejoint à Toulon le Jacques Chevallier, mis en service fin 2024 et premier BRF de la série « flotte logistique » qui doit, à terme, compter quatre unités dédiées aux missions de soutien.
Ces bateaux remplacent progressivement les anciens pétroliers-ravitailleurs, dont la Somme, basée à Brest, est le dernier représentant… et ultime navire – le 1444e – construit dans les chantiers navals de La Seyne-sur-Mer.
« Indispensables à l’autonomie stratégique de la France, ces nouveaux bâtiments offrent la capacité de conduire des opérations en haute mer et de se déployer loin et longtemps », expliquent encore les autorités militaires, au sujet des BRF. « C’est une étape majeure dans le renouvellement des capacités logistiques de la Marine ».
À noter que le bâtiment ravitailleur de forces a été baptisé du nom d’un résistant d’origine alsacienne, dont le rôle de sous-directeur de l’arsenal de Lorient pendant la Seconde Guerre mondiale lui assurait une formidable couverture.
Il se dit que, grâce à ses renseignements, pas un sous-marin allemand ne sortait ni ne rentrait du port sans que les Alliés n’en soient avertis.
À la suite d’une dénonciation, Jacques Stosskopf sera arrêté le 21 février 1944, puis assassiné en déportation.
Le BRF Jacques Stosskopf a rejoint son port base de Toulon.
Deuxième des quatre bâtiments ravitailleurs de forces de nouvelle génération prévus en loi de programmation militaire, construits par les Chantiers de l’Atlantique et @NavalGroup à Saint-Nazaire.
Maillon logistique… pic.twitter.com/A0221Vl8eG
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) July 31, 2025