« Comment un tel accident peut survenir dans un endroit aussi beau ? » Dans le grand hall de la gare maritime d’Ajaccio, ces mots prononcés par une passagère britannique du petit train résonnent autrement à l’oreille d’un psychiatre. Engagé dans la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) ouverte à la mi-journée, le médecin y voit la manifestation d’une déréalisation, trouble déclenché après une expérience traumatisante.
Dès 12 h 30 ce jeudi 31 juillet, deux cellules d’aide psychologique ont été déclenchées par le Samu. Les enfants et leurs familles ont été regroupés à l’hôpital de la Miséricorde, tandis que 25 adultes impliqués dans l’accident – sans être physiquement blessés – ont été rassemblés aux abords du port de commerce.
« Beaucoup de stress et d’angoisse »
« Il y a beaucoup de témoins, il y a des personnes qui peuvent voir l’incident et être impactés, ce qui peut provoquer des traumatismes », explique Sébastien Gariglio, cadre de santé de la CUMP. « Cette cellule est là pour prévenir au plus tôt le psychotraumatisme. Nous leur expliquons les éventuels symptômes qui peuvent arriver et nous leur expliquons où ils peuvent trouver des ressources », poursuit-il. Parmi ces symptômes : troubles du sommeil, crises d’angoisse mais aussi des souvenirs vifs de l’accident.
Sans conteste, l’esprit de chaque passager a été marqué par la violence du choc, le bruit, les cris et la vue des corps blessés. « Ils ont été choqués pour la plupart, certains ont eu quand même beaucoup de stress et d’angoisse, notamment les enfants. Ce sont des éléments de stress post-traumatique assez courants », note le docteur Marie-Hélène Cattino. La psychiatre référente de la CUMP a observé ce jeudi « des jeunes familles essentiellement britanniques, qui ont l’air plutôt stables ».
Derrière la baie vitrée du hall d’embarquement, la présence de l’imposant navire Marella Voyager rappelle qu’un grand nombre de blessés sont des croisiéristes. Arrivés à 8 heures en provenance de Rome, 24 vacanciers avaient été pris en charge par la CUMP avant de regagner leur navire. « Nous avons embarqué les passagers qui ont des blessures sans gravité, et nous aidons ceux qui présentent des signes de stress post-traumatique », indiquait le responsable de l’équipe sanitaire du navire, venu aux côtés des secours ajacciens.
« Nous n’avons pas beaucoup d’information sur l’état des blessés graves qui se trouvent à l’hôpital », ajoutait ce membre d’équipage. La croisière aux 2 200 passagers est repartie à 16 heures en direction du port catalan de Palamós, sonnant le glas de cette douloureuse excursion.