Fabio Di Giannantonio occupe un
poste assez complexe cette année : il est le seul pilote
Ducati à bénéficier d’une GP25, mais sans figurer dans l’équipe
officielle. Forcément, on attend beaucoup de lui et de VR46, mais
force est de constater que la mayonnaise a du mal à prendre. Son
début de saison est-il réellement si moyen que ça ?
Analyse.
Du bon… et du moins bon
Concentrons-nous d’abord sur une petite analyse statistique.
Que disent les chiffres sur
« Diggia » ? Actuellement, l’Italien pointe
en cinquième place du classement général, ce qui n’est pas mauvais
en soi. Il compte deux podiums dominicaux et un top 3 le samedi,
mais toujours aucune deuxième place ni victoire. Il est passé
devant son coéquipier Franco Morbidelli, certes, mais il ne faut
pas oublier que « Franky » a manqué les deux derniers GP
à cause d’une blessure.
Il ne
faut pas oublier que Di Giannantonio a débuté la saison 2025 en
étant blessé lui aussi, après une chute lors des essais hivernaux à
Sepang. Photo : Michelin Motorsport
En réalité, du point de vue des résultats, il n’a que très
rarement déçu. Son seul véritable échec, c’est cette 16e place à
Brno. Franchement, c’était assez incompréhensible.
Il n’a pas eu de rythme tout le week-end, et figurait souvent parmi
les derniers. Il a assumé la pleine responsabilité de ce
rendez-vous raté, qui lui coûte beaucoup de points par rapport à
son adversaire pour la quatrième place du championnat Marco
Bezzecchi.
Hormis ce passage à vide inexplicable, il est régulier dans la
performance, très souvent dans les points en Sprint, et n’a connu
que deux autres mésaventures : une chute au Sachsenring alors
qu’il était solidement installé en deuxième place, et une 16e
position à Losail après s’être fait pousser hors de la
piste par Alex Marquez.
La GP25, un cadeau ?
Je voulais revenir sur son statut de pilote d’usine assez
unique. D’accord, « Diggia » dispose de la GP25, celle
qui gagne tout aux mains de Marc Marquez. Mais est-elle
vraiment si performante que ça ? Si l’on se focalise
uniquement sur les prouesses du n°93, forcément, on peut penser
qu’elle est redoutable. Mais regardez Pecco Bagnaia, qui,
même après 12 Grands Prix, ne s’y fait toujours pas.
Pourtant, il s’agit là d’un triple champion du monde très respecté
et même craint par Marc Marquez en 2024. Je pense sincèrement que
Marquez, qui n’a jamais été aussi fort qu’avec des motos dont lui
seul avait la totale maîtrise, biaise ce débat par son talent. Les
résultats de Bagnaia par rapport à ceux d’Alex Marquez devraient
nous mettre la puce à l’oreille, car en cinq saisons, jamais le
petit frère Marquez n’avait tenu la comparaison.
D’après les dires des pilotes, la GP25 renferme encore des
secrets qu’il est bien difficile de percer. Et malgré ce statut de
pilote d’usine peut-être compliqué à endosser, je trouve que par
rapport à Bagnaia, Di Giannantonio ne s’en sort pas si mal. Il a
été devant de nombreuses fois, notamment au Mugello, l’un des
tracés préférés de « Go Free », et si l’on excepte Brno,
je dirais même que Diggia est très proche de son
compatriote dans la hiérarchie Ducati.
Ce qui lui manque
Si vous suivez cette chronique depuis un moment,
vous savez que Fabio Di Giannantonio
fait partie de mes pilotes favoris. Sa fin de saison
2023, exceptionnelle, m’a littéralement fait tomber amoureux de son
personnage, qui n’abandonne jamais et qui affiche toujours
clairement ses ambitions, aussi folles soient-elles. Je ne doute
pas de lui sur le plan mental, mais cependant, j’aimerais
le voir attaquer davantage.
Pour
moi, c’est le meilleur « dépasseur » de la grille. Photo
: Michelin Motorsport
Sans même parler de Marc Marquez, on ne l’a jamais vu se battre
aux avant-postes de manière durable, sur toute la durée d’un Grand
Prix par exemple. Il aurait pu le faire en Allemagne, mais il a
chuté. Ses bons résultats sont toujours acquis à l’issue de
remontées, souvent aidées par son sens du dépassement hors du
commun. Comment pourrait-il faire pour quitter la dimension des
Morbidelli, Acosta, et rejoindre celle des Bagnaia, Alex Marquez,
et maintenant Bezzecchi ? En gros, comment pourrait-il
passer d’un outsider à un favori, qu’on attendrait à
chaque Grand Prix ? Car c’est exactement ce qui lui
manque.
La réponse me paraît simple : il doit progresser en
qualifications. Finalement, Bagnaia n’est pas beaucoup plus fort
que Di Giannantonio cette saison, une fois les feux éteints.
Mais comment se fait-il que l’officiel Ducati soit
troisième du championnat avec 71 points d’avance sur
« Diggia » ? Ceci s’explique par les
performances de Bagnaia le samedi matin, qui, malgré un malaise
palpable sur la moto, parvient toujours à tirer son épingle du jeu
en qualifs’ et au départ. La preuve à Brno, où l’Italien réussit
l’exploit de faire la pole position après être passé en Q1, ce qui
n’est pas fréquent. Si Di Giannantonio partait régulièrement depuis
les deux premières lignes et faisait de meilleures envolées,
il aurait le rythme pour rivaliser avec les
meilleurs.
Conclusion
Il est vrai que j’en attendais plus, puisque je le voyais
carrément troisième du championnat. Cependant, au
vu de son matériel et de sa régularité, je ne pense pas qu’on
puisse qualifier son entame de décevante. Di Giannantonio
montre de beaux progrès et pourrait bien chatouiller
Bagnaia sur cette fin de saison s’il continue sur la
lancée du Sachsenring. En revanche, il doit éviter les trous d’air
comme en Tchéquie, et progresser en qualifications. S’il y
parvient, il deviendra un candidat régulier au podium et pourrait
parfaitement reprendre beaucoup de points à un Alex Marquez
friable. En tout cas, il a le talent pour.
Que pensez-vous du début de saison de Fabio Di
Giannantonio ? Dites-le-moi en
commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur,
et pas de l’entièreté de la rédaction.
Il a
aussi dit qu’il avait trouvé quelque chose récemment. À voir si
cela se concrétise. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport