Après le Royaume-Uni mardi, le Canada et le Portugal ont annoncé à leur tour leur intention de reconnaître la Palestine lors de l’assemblée générale des Nations unies à New York en septembre. Emmanuel Macron remporte un succès diplomatique en entraînant d’autres pays dans le sillage de la France.

Le Premier ministre canadien Mark Carney pose toutefois des conditions : l’Autorité palestinienne doit se réformer et écarter le Hamas de toute activité officielle. Ce qui correspond aux promesses du président palestinien, Mahmoud Abbas, qui s’est engagé à faire de la Palestine un État démilitarisé et à organiser des élections en 2026.

Le Premier ministre britannique met pour sa part la pression sur Israël. Keir Starmer explique que le Royaume-Uni pourrait faire marche arrière si le gouvernement israélien met fin à la situation épouvantable à Gaza, accepte un cessez-le-feu et s’engage en faveur d’une paix à long terme en garantissant la perspective d’une solution à deux États.

Un État palestinien de moins en moins viable

La France a réussi à convaincre d’autres pays qui hésitaient encore en leur faisant partager son indignation sur la façon dont Israël conduit la guerre à Gaza en riposte à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023. « Le pire scénario de famine est en cours à Gaza », indique l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) dans un rapport publié mardi. Plus de 20 000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet, dont plus de 3 000 souffraient de malnutrition sévère, précise cet organisme international de surveillance de la faim soutenu par l’ONU qui fait état d’au moins 16 décès d’enfants de moins de cinq ans signalés par les hôpitaux.

La reconnaissance de la Palestine est aussi une réponse à l’intensification des projets de colonisations dans les territoires occupés de Cisjordanie qui remettent en cause la viabilité d’un État palestinien et donc la solution à deux États à laquelle de nombreux pays restent attachés, comme l’a montré la conférence organisée à l’ONU par la France et l’Arabie saoudite.

L’Allemagne montre son impatience

Même l’Allemagne, qui reste un allié inconditionnel d’Israël en raison de sa responsabilité historique dans l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, commence à montrer son impatience. Le soutien sans limite à l’État hébreu est de plus en plus critiqué, y compris au sein du gouvernement. Le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul a lancé une mise en garde à Israël ce jeudi en jugeant que l’État hébreu est de plus en plus isolé sur le plan diplomatique face à la catastrophe humanitaire à Gaza et aux menaces d’annexion de la Cisjordanie.

Cet isolement s’illustrera notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, où la France et le Royaume-Uni vont rejoindre la Chine et la Russie, deux pays ayant déjà reconnu la Palestine. Les États-Unis resteront le dernier des cinq membres permanents à s’opposer à un État palestinien. Grâce à leur droit de veto, ils pourront empêcher la Palestine, qui bénéficie actuellement du statut d’observateur, d’être admise à l’ONU en tant qu’État membre à part entière.