Plus de 3 500 fûts ont été retrouvésCette première mission de repérage s’effectue avec le robot autonome UlyX2 de la Flotte océanographique française. ©Flotte Océanographique Française – NODSSUM Cruise (J. Chen)
« L’enjeu de notre mission était de cartographier la zone où les fûts ont été largués, pose Patrick Chardon, ingénieur en métrologie nucléaire au sein du CNRS. À l’aide du robot autonome UlyX de la Flotte océanographique française, les chercheurs ont pu s’aventurer à plus de 4 000 mètres de profondeur, pour tenter de retrouver les fûts, dont les déchets comportaient une faible radioactivité. « Dès la première plongée, on a pu constater la présence d’une centaine d’entre eux. C’est une grande surprise, car au milieu des années 1980, une mission similaire n’avait rapporté la présence que de six fûts », s’exclame Patrick Chardon. Pendant ce mois de mission, le robot UlyX a réalisé quelque 5 000 photographies, permettant de détecter 3 350 fûts, dont 50 ont été photographiés d’un peu plus près.
La cartographie des fûts a permis de retracer la trajectoire empruntée à l’époque par les bateaux qui ont jeté les contenants par-dessus bord. « Au fur et à mesure que les petits points rouges représentant les fûts sont apparus sur la carte, on a pu identifier les zones de concentration maximale, afin de savoir où on allait prélever », développe l’ingénieur en métrologie nucléaire. Les moyens actuels permettent une analyse plus fine de la situation qu’à la fin du siècle dernier. « Les opérations de surveillance dans la zone étaient faites de manière totalement aveugle, ils découvraient quelques fûts aléatoirement », précise Patrick Chardon. Certaines photographies ont tout de même permis de découvrir que des fûts avaient explosé lors de leur largage. « Les fuites avaient libéré des éléments radioactifs, et les scientifiques avaient constaté ensuite qu’aucune biodiversité ne s’était développée à cet endroit ».
« Les fuites avaient libéré des éléments radioactifs, et les scientifiques avaient constaté ensuite qu’aucune biodiversité ne s’était développée à cet endroit »
Une seconde mission à venir
Les chercheurs ont aussi procédé à des prélèvements autour des sédiments, de l’eau et des poissons, pour mieux comprendre comment le monde sous-marin s’est adapté à la présence de ces fûts. Lors d’une seconde mission, les scientifiques chercheront à déterminer l’éventuelle présence de traces de radioactivité à l’intérieur des organismes. Ainsi, dix-sept grenadiers – une espèce de poissons résidant dans les abysses et vivant parfois jusqu’à 60 ans – ont été pêchés. Certains d’entre eux parcouraient déjà les eaux de l’océan Atlantique Nord-Est lorsque les fûts ont été largués.
Plus d’un millier de barils de déchets radioactifs découverts dans l’océan Atlantique