C’était il y a trente ans jour pour jour. Le tramway à Rouen était inauguré le 17 décembre 1994. À l’époque, cette navette qui relie les deux rives s’appelait « le métrobus ». « C’était le terme commercial de démarrage en 1994 qui n’a plus lieu d’être, puisqu’aujourd’hui c’est le réseau Astuce, c’était le nom du réseau pour essayer de faire la liaison entre le métro et le bus », explique Sébastien Holstein, ingénieur chef de projets à Transdev.
Métro ou Tramway ?
« Techniquement c’est un tramway, c’est-à-dire que le matériel roulant, les rames sont des rames de tramway. Maintenant, il y a une partie souterraine qui peut porter à confusion. Nos collègues allemands ou belges parlent de métro léger, donc ça peut être considéré comme un métro », poursuit Sébastien Holstein.
Le reportage de la rédaction à bord du tramway.
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Tous les jours, les lignes transportent 70.000 voyageurs en moyenne dans la métropole de Rouen. « Il faut se repositionner dans les années 1980 où le tramway avait une image totalement rétrograde tout ce qu’on ne voulait pas dans le transport et donc, il fallait vendre le tramway pour pouvoir le réinstaller dans les villes françaises », ajoute l’ingénieur chef de projets à Transdev.
« Rouen était une des premières villes. La première ville à remettre du tramway était Nantes en 1984. Il y a eu ensuite Grenoble, puis Paris, puis Strasbourg et Rouen la même année. Et donc, il fallait vendre, un peu surjouer le système. Et donc, on l’a appelé métro, ce qui faisait plus riche, je mets des guillemets. On l’a appelé métro pour qu’il soit accepté par tout le monde. Et puis bon, voilà, aujourd’hui, on parle de tramway, c’est pas choquant non plus, il n’y a pas de problème », renchérit Sébastien Holstein.
Dominique Bocquet, 61 ans est conducteur d’une des lignes du tramway depuis 27 ans. © Radio France – Christine Wurtz Un tramway semi-enterré
« Il faut se repositionner dans les années 1985-90. Dire à la ville qu’il n’y aurait plus aucune voiture dans la rue Jeanne d’Arc, ça aurait été quand même un peu compliqué. Déjà, quand on fait un système, même encore aujourd’hui, c’est parfois un peu compliqué de dire que vous n’aurez plus de place pour vous garer. Donc, à l’époque, c’était encore pire. On était encore dans des modes assez « tout voiture » et donc, il a été décidé de passer en souterrain ce qui permet au moins de ne pas utiliser l’espace en surface et de préserver cet espace-là. Je pense qu’aujourd’hui, on ne le referait pas, à mon avis », sourit Sébastien Holstein, ingénieur chef de projets à Transdev.
Le métro de Rouen fête ses 30 ans. © Radio France – Christine Wurtz
Le tramway ouvert en 1994 comptait 23 stations. Il a ensuite été étendu à 31 stations en 1997. « Cette extension a été prévue dès le départ, et puis il y a eu des petits soucis d’enquête publique qui ont fait que ça a été décalé. Technopole était déjà pointé pour devenir un des pôles universitaires. Et donc, qui dit pôle universitaire dit étudiant, et qui dit étudiant dit ce que nous on appelle des clients captifs, c’est-à-dire des gens qui n’ont pas d’autres moyens que le système de transport en commun pour se déplacer. Donc il fallait absolument l’égaler d’une manière ou d’une autre », complète Sébastien Holstein.
« De plus, les secteurs qu’ils traversent sont quand même des secteurs assez densément peuplés, du côté d’Ernest Renan par là-bas, assez densément peuplés sur des personnes qui sont, disons, souvent sans voiture, et donc qu’il fallait transporter, et donc il fallait y aller, il n’y avait pas de question là-dessus », affirme l’ingénieur chef de projets à Transdev avant de conclure « le tramway fédère autour de lui. Il densifie la ville. On peut regarder l’Avenue Jean Jaurès aussi, à Petit-Quevilly, où effectivement le changement urbain est très net. »
Pour la suite, pas de nouvelles lignes de tram pour l’instant prévues ou d’arrêts supplémentaires. En tout cas, il a de belles années encore devant lui.