Chaque année, la pollution aux microplastiques génère environ 1,3 million de tonnes de particules qui se dispersent dans l’atmosphère mondiale selon l’UNEP (Programme des Nations Unies pour l’Environnement – UNEP). © Adobe Stock
La pollution plastique ne cesse de s’immiscer dans notre quotidien, jusque dans l’air que nous respirons. Des études récentes menées en France et à l’international dévoilent un phénomène troublant : chaque Français inhale en moyenne plus de 60 000 microplastiques par jour, concentrés surtout dans les espaces clos comme les logements, les voitures et les bureaux.
Ces particules, issues de la dégradation de matériaux plastiques, peuvent atteindre les voies respiratoires, soulevant des questions majeures sur leur impact sanitaire.
Microplastiques dans l’air : un fléau invisible et omniprésent
Les microplastiques sont des fragments de plastique de moins de 5 millimètres, voire microscopiques, résultant de la dégradation progressive des objets plastiques (emballages, textiles synthétiques, pneus, etc.). Leur présence dans l’air intérieur est particulièrement préoccupante, puisque nous y passons en moyenne 80 à 90 % de notre temps.
Selon une étude française menée par l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques), un Français inhale chaque jour environ 68 000 particules de microplastiques en moyenne, principalement à l’intérieur des bâtiments et des véhicules (voitures, transports en commun). Ces particules flottent dans l’air sous forme de fibres ou de fragments. Leur origine est multiple :
- frottement des pneus sur la route,
- usure des textiles synthétiques,
- dégradation des emballages plastiques
- ou encore combustion incomplète de déchets.
Quel impact pour la santé respiratoire ? Que se passe-t-il quand ces microplastiques pénètrent dans nos poumons ?
Leur taille minuscule leur permet d’atteindre les alvéoles pulmonaires, ces petites cavités où se fait l’échange gazeux. Une fois déposées, ces particules peuvent provoquer plusieurs réactions, d’abord inflammatoires.
L’exposition chronique pourrait contribuer à aggraver ou déclencher des maladies respiratoires comme l’asthme, la bronchite chronique ou même favoriser certaines pathologies pulmonaires interstitielles.
Une étude publiée en 2023 dans la revue Environmental Health Perspectives (étude internationale impliquant des chercheurs français) met en lumière le potentiel irritant des fibres plastiques inhalées, qui peuvent provoquer une réponse inflammatoire locale, perturber le fonctionnement des cellules pulmonaires, voire endommager les tissus.
Par ailleurs, ces microplastiques peuvent transporter avec eux des polluants chimiques, des métaux lourds ou des bactéries, ce qui aggrave encore le risque sanitaire. Ces “chevaux de Troie” chimiques augmentent la toxicité des particules inhalées.
Enfin, le microplastique n’est pas encore officiellement classé comme cancérogène, mais l’inhalation prolongée de particules fines plastiques, notamment les fibres, est suspectée d’augmenter le risque de troubles cérébraux, de cancers respiratoires, à l’image de l’amiante ou de certaines poussières industrielles.
Microplastiques dans l’air : pourquoi l’air intérieur est-il si contaminé ?
Ce qui surprend, c’est que nos logements et nos véhicules sont les principaux lieux d’exposition. Alors que l’on imagine souvent la pollution plastique plutôt en extérieur, dans la nature ou en milieu urbain, c’est en réalité à l’intérieur que la concentration est la plus forte.
Cela s’explique par plusieurs facteurs :
- La présence massive d’objets plastiques dans nos intérieurs (meubles, textiles, équipements électroniques) qui se dégradent lentement.
- Le manque de renouvellement d’air dans les espaces clos, qui fait stagner ces particules.
- Les activités quotidiennes, comme le passage, le frottement des textiles synthétiques (vêtements, tapis), qui libèrent constamment des fibres.
- La contamination des particules d’air provenant de l’extérieur, notamment issues de la circulation automobile, riches en microplastiques issus de l’usure des pneus.
Microplastiques : que faire pour limiter son exposition ?
Face à cette pollution invisible, quelles solutions simples et efficaces peut-on adopter ?
- Aérer régulièrement ses pièces, idéalement plusieurs fois par jour, même en hiver, pour renouveler l’air intérieur.
- Limiter l’usage de textiles synthétiques dans la maison, privilégier le coton, la laine ou le lin, moins sources de microfibres.
- Nettoyer régulièrement avec des aspirateurs équipés de filtres HEPA pour réduire les poussières fines, y compris les microplastiques.
- Éviter de fumer à l’intérieur, car cela aggrave la pollution de l’air et la sensibilité des poumons.
- Limiter l’usage de la voiture pour réduire l’exposition aux particules liées à l’usure des pneus et freins.
- Soutenir les initiatives et politiques publiques visant à réduire la production et la diffusion des plastiques, notamment dans les emballages et les produits à usage unique.
La pollution aux microplastiques, jusque dans notre respiration quotidienne, est une réalité dont on commence à peine à mesurer l’ampleur. Le constat est clair : nous inhalons des dizaines de milliers de particules chaque jour, avec un impact probable sur notre santé respiratoire. Si les connaissances scientifiques progressent, beaucoup de questions restent ouvertes, notamment sur les effets à long terme.
À SAVOIR
Une étude française de l’INSERM en 2023 a découvert des microplastiques… dans le sang humain ! Ces minuscules particules que l’on respire peuvent passer les barrières pulmonaires et circuler dans notre organisme. Leur impact pourrait donc bien dépasser nos seuls poumons.
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