En juillet 2021, Lawrence Stroll,
propriétaire de l’écurie Aston Martin en Formule 1, affichait une
ambition claire : remporter des championnats en déployant les
grands moyens. Mission (impossible ?) en cours…

Le milliardaire canadien
estimait alors qu’un tel objectif nécessiterait quatre à cinq
saisons de développement : quatre ans plus tard, l’état des lieux
est loin d’être à la hauteur des promesses, malgré des
investissements colossaux.

À Silverstone, l’équipe
dispose désormais d’une usine flambant neuve, ultramoderne, estimée
à 200 millions de livres sterling. Cette infrastructure, considérée
comme la plus aboutie de la grille actuelle, intègre notamment un
tout nouveau tunnel de soufflerie.

Casting cinq étoiles pour Aston
Martin

Sur le plan des
ressources humaines, Aston Martin s’est également entourée des
meilleurs : Adrian Newey, légende absolue de la conception en F1, a
été débauché de Red Bull ; Enrico Cardile est arrivé de Ferrari ;
et Andy Cowell, ancien patron des moteurs Mercedes à l’époque de
leur domination, dirige désormais les opérations.

Mais malgré ces atouts
techniques et humains, les résultats ne suivent pas : Aston Martin
occupe actuellement une modeste septième place au championnat
constructeurs à cause d »une
AMR25 loupée
, derrière des structures comme Haas et Williams,
aux moyens bien inférieurs.

Un recul inquiétant
pour Lawrence Stroll, d’autant que la branche automobile du groupe
traverse elle aussi une période délicate : deux avertissements sur
résultats en fin d’année 2024, une baisse des ventes, et 170
suppressions de postes annoncées début 2025.

Newey, le sauveur ?

Côté piste, les
débuts de saison sont poussifs. Pendant les essais à Bahreïn,
Fernando Alonso a vu son volant se détacher en pleine séance,
tandis que Lance Stroll confessait sans enthousiasme que le circuit
ne convenait pas à leur voiture. Après quatre courses et un sprint,
Alonso, pourtant toujours performant à 43 ans, n’a pas inscrit le
moindre point. Et Lance, à 26 ans, peine encore à convaincre qu’il
a l’étoffe d’un futur champion du monde.

La question est donc
claire : que va faire Lawrence Stroll ? Il pourrait logiquement
confier à Adrian Newey la tâche d’analyser en profondeur la
monoplace 2025. Mais le Britannique, réputé pour être un créateur
plutôt qu’un réparateur, se concentre probablement déjà sur le
projet 2026, année d’un changement majeur du règlement, tant sur le
plan moteur que châssis.

C’est là que tous les
espoirs de l’écurie semblent se concentrer. La combinaison du
concepteur de moteurs hybride le plus performant (Cowell) et du
meilleur designer de l’histoire (Newey) pourrait, sur le papier,
aboutir à une arme redoutable. Mais rien n’est garanti.

L’épineuse question des
pilotes chez Aston Martin

En parallèle, la
question des pilotes reste épineuse.
Alonso approche de la retraite
, et Yuki Tsunoda, longtemps
pressenti pour rejoindre Aston Martin dans le cadre du partenariat
avec Honda à partir de 2026, a récemment été promu chez Red Bull,
fermant (provisoirement ?) cette porte. Quant à Lance Stroll, sa
présence reste un sujet sensible, car elle est indissociable du
projet familial mais pose aussi la question de la performance
sportive.

Lawrence Stroll a
incontestablement transformé Aston Martin en profondeur, doté
l’équipe des meilleurs outils et recruté des figures majeures de la
F1. Pourtant, le chemin vers les sommets semble aujourd’hui plus
sinueux que jamais. L’objectif de 2021 reste réalisable, mais il
semble d’ores et déjà repoussé… à une échéance encore inconnue.