Commandé auprès de Naval Group et des Chantiers de l’Atlantique dans le cadre du programme FLOTLOG [Flotte Logistique], le Bâtiment ravitailleurs de forces [BRF] « Jacques Chevallier » fut officiellement remis à la Marine nationale, via la Direction générale de l’armement [DGA] en juillet 2023, à Toulon. Il restait alors à vérifier ses caractéristiques militaires au cours d’un déploiement de longue durée [DLD], entamé quelques semaines plus tard.
« Ce déploiement de plusieurs mois correspond à l’ultime étape de la phase de vérification des capacités militaires du bâtiment avant son admission au service actif. Cette période en mer, effectuée loin, longtemps et en équipage, permet de poursuivre la montée en puissance du matériel et des marins. Le retour d’expérience acquis favorisera par ailleurs l’amélioration des futurs BRF, série composée de 4 bâtiments », avait expliqué la Marine nationale.
Puis, le BRF « Jacques Chevallier » fut soumis à d’autres essais afin de valider son comportement au sein du groupe aéronaval du porte-avions formé autour du Charles de Gaulle, dont sa capacité à transférer et à mettre en silo un missile Aster 15 à bord du porte-avions en mer.
Finalement, l’admission au service actif du BRF Chevallier fut prononcée en novembre dernier, peu avant le début de la mission Clemenceau 25. Et cela alors que le second BRF, le « Jacques Stosskopf », avait été lancé à Saint-Nazaire en août.
Ayant pour devise « Numquam ex actio » [« Jamais hors de combat »], le « Jacques Stosskopf » a effectué ses premières sorties en mer durant les mois d’avril et de mai, « dans des conditions optimales », selon Naval Group. Puis, il a accueilli sa première cérémonie des couleurs le 20 juin, ce qui en a fait officiellement un navire militaire.
Une semaine plus tard, le BRF « Jacques Stosskopf » a appareillé de Saint-Nazaire, avec un équipage de la Marine nationale à son bord, pour sa mise en condition de navigation [MECNAV], cette étape indispensable avant l’obtention de la qualification à la navigation [QUALNAV]. Vingt-quatre heures après son départ, il a effectué son premier ravitaillement à la mer [RAM]… avec le Bâtiment de commandement et de ravitaillement [BCR] Somme, dernière unité de la classe Durance encore en service.
Ayant rejoint Brest à la fin de cette séquence pour poursuivre l’intégration des systèmes de communications militaires, le BRF « Jacques Stosskopf » a fini par mettre le cap sur Toulon, où il est arrivé le 31 juillet. C’est en effet ce qu’a annoncé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, via le réseau social X.
Le BRF Jacques Stosskopf a rejoint son port base de Toulon.
Deuxième des quatre bâtiments ravitailleurs de forces de nouvelle génération prévus en loi de programmation militaire, construits par les Chantiers de l’Atlantique et @NavalGroup à Saint-Nazaire.
Maillon logistique… pic.twitter.com/A0221Vl8eG
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) July 31, 2025
« Le Jacques Stosskopf est arrivé à Toulon ! Ce deuxième bâtiment ravitailleur de forces soutiendra les navires en mer : carburant, vivres, munitions… et pourra même embarquer un état-major pour coordonner des opérations depuis la mer », a, de son côté, rappelé la Marine nationale.
Reste maintenant à voir quand ce second BRF sera admis au service. A priori, étant donné que le BRF Jacques Chevallier a, en quelque sorte, « essuyé les plâtres », le processus devrait être plus rapide. En tout cas, la Marine nationale va compter trois navires logistiques, le BCR Somme ayant finalement été prolongé jusqu’en 2027, année où il devrait être relevé par le BRF « Émile Bertin », dont la construction est en cours. Le quatrième BRF, le « Gustave Zédé », sera en principe livré en 2031.
Pour rappel, dérivé du navire ravitailleur A5335 Vulcano, conçu par l’italien Fincantieri, un Bâtiment ravitailleur de forces affiche un déplacement de 31 000 tonnes, pour une longueur de 194 mètres et une largeur de 24 mètres. Doté d’une double coque et de quatre mâts de ravitaillement polyvalents permettant le soutien simultané de deux navires, il peut transporter 1 500 tonnes de fret et de 13 000 mètres cubes de carburant. Il a aussi la capacité d’accueillir un hélicoptère NH-90 Caïman et un drone aérien. Enfin, il est armé de deux canons RAPIDFire de 40 mm, fournis par Thales et Nexter, et d’un système de défense aérienne Simbad-RC livré par MBDA.