La main de Donald Trump n’a pas tremblé à l’heure de porter à 25 % les droits de douane appliqués aux véhicules et aux principales pièces détachées importés. Le président des États-Unis balayant au passage, les dernières volontés des constructeurs automobiles qui avait obtenu un sursis provisoire.
Ces droits de douane devraient concerner 7,3 millions de véhicules importés, soit 8% des ventes mondiales selon Bank of America, exposant les constructeurs à «beaucoup de coûts et de chaos», selon la formule du patron de Ford Jim Farley.
John Elkann, le président de Stellantis, groupe propriétaire des marques Jeep, Dogde, RAM et Chrysler, avait bien tenté une négociation de dernière minute, espérant une nouvelle pause dans la majoration de ces taxes. En vain. Désavoué par l’actuel locataire de la Maison-Blanche, le dirigeant a souligné toutefois le dialogue en cours avec l’administration Trump, et l’importance de la compétitivité du secteur automobile nord-américain.
À l’heure où le groupe franco-italo-américain tente de redresser la barre après une année 2024 noire, le marché américain se révèle essentiel à sa rentabilité. La majoration des droits de douane inquiète forcément l’entreprise, exprimant ses inquiétudes quant à l’accessibilité financière de ses modèles fabriqués aux États-Unis, et les conséquences de cette incertitude sur la demande.
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La crainte d’un coup de grâce fatal
Le constructeur a d’ores et déjà annoncé suspendre sa production dans l’usine de Windsor, au Canada. L’unité, qui emploie 4 000 salariés et assemble des Dodge Charger et des Chrysler Pacifica, fermera ses portes pour une durée de deux semaines en raison de ces nouveaux droits de douane, a fait savoir une porte-parole du groupe relayée par l’AFP. Le groupe envisage aussi une pause dans la production de ses usines mexicaines.
Déjà affectés par la transition énergétique, les constructeurs et les équipementiers craignent que la majoration des taxes américaines ne porte un coup de grâce fatal au secteur.
« Les mesures immédiates que nous devons prendre comprennent l’arrêt temporaire de la production dans certaines de nos usines d’assemblage canadiennes et mexicaines, ce qui aura une incidence sur plusieurs de nos installations américaines de production de moteurs et d’emboutissage qui soutiennent ces opérations », a indiqué encore le groupe franco-italo-américain.
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Entre hausse des tarifs, investissements…
La décision américaine interpelle l’ensemble des constructeurs mondiaux. Ferrari prévoit déjà d’augmenter ses tarifs de l’ordre de 10 % pour compenser la hausse des taxes. D’autres enseignes pourraient mettre leurs réseaux de distribution américains à contribution, en diminuant les primes de vente, tandis que certains constructeurs réduiraient leurs marges.
Quelles que soient les marques ou les groupes, toutes les options sont sur la table face à des barrières douanières qui affectent fortement les firmes allemandes et asiatiques. Ainsi, Hyundai, s’est engagé à investir plus de 20 milliards de dollars aux États-Unis dans les années à venir, et à continuer d’y produire ses véhicules destinés au marché américain. De son côté, Volvo (propriété de Geely) a prévu d’augmenter la cadence de sa production sur le sol américain.
…et prudence
Face à des stratégies sur le long terme, les firmes européennes se veulent pour l’heure plus prudentes, au regard d’une politique économique américaine à géométrie variable.
Rappelons que le Mexique initialement dans le collimateur de Donald Trump, a échappé – temporairement – à la majoration des droits de douane qui aurait impacté les 37 usines automobiles du pays, dont Stellantis, Volkswagen, BMW, Toyota…
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