La couverture vaccinale du vaccin contre la grippe pour la saison 2024-2025, reste faible et stable par rapport à la saison précédente (54%) pour les 65 ans et plus. © Adobe Stock
Un patient hospitalisé avec une grippe sévère, un personnel soignant surchargé, des épidémies hivernales qui saturent les services d’urgence. Ce scénario se répète quasiment chaque année en France.
Mais un constat surprenant subsiste : seuls 1 soignant sur 5 se protège par le vaccin. Ce chiffre, révélé par le ministère de la Santé, interpelle d’autant plus que la grippe tue encore entre 6 000 et 9 000 personnes chaque hiver en France.
Face à cette réalité, les autorités sanitaires et certains médecins réclament la vaccination obligatoire des professionnels de santé. Cette proposition suscite un débat passionné entre protection collective et respect des libertés individuelles.
Un vaccin efficace mais sous-utilisé : l’état des lieux Une couverture vaccinale encore trop faible chez les soignants
Malgré les recommandations annuelles, le taux de vaccination des professionnels de santé français reste désespérément bas : autour de 20 % en 2024, contre 75 % dans certains pays européens comme l’Espagne ou l’Allemagne.
Pourquoi un tel désintérêt ? Plusieurs enquêtes pointent des freins majeurs : doutes sur l’efficacité, peur des effets secondaires, impression que la grippe est une maladie bénigne, ou simple manque d’accès au vaccin dans le cadre professionnel. Pourtant, les données sont claires : la vaccination réduit significativement les risques de transmission et protège patients et soignants.
La grippe : un danger réel, sous-estimé mais lourd de conséquences
Chaque année en France, la grippe cause en moyenne 6 000 à 9 000 décès, principalement chez les personnes âgées, les enfants et les malades chroniques (Santé Publique France). Elle engendre aussi des centaines de milliers d’hospitalisations.
Les soignants peuvent être des vecteurs silencieux de la maladie, contaminant patients et collègues, surtout quand ils travaillent en contact avec des populations vulnérables (personnes âgées en Ehpad, patients immunodéprimés).
Vaccination obligatoire : un choix de société aux enjeux multiples Pourquoi envisager l’obligation vaccinale ?
Pour les partisans de l’obligation, vacciner les soignants est une responsabilité collective. Il s’agit de protéger les patients fragiles, mais aussi d’éviter des absences massives qui fragilisent les établissements de santé en période épidémique.
De plus, dans un contexte post-Covid, la vaccination obligatoire pour les soignants contre d’autres maladies respiratoires semble une étape logique.
Les freins à cette obligation
Mais la question de la liberté individuelle reste centrale. Imposer la vaccination touche au droit fondamental de choisir ce que l’on fait de son corps. Certains professionnels refusent par principe ou par crainte. D’autres dénoncent une mesure qui pourrait provoquer une fracture au sein des équipes soignantes, déjà très éprouvées par la pandémie.
Le gouvernement doit aussi réfléchir à la faisabilité pratique : quels contrôles, quelles sanctions en cas de non-respect ? Une obligation sans mécanismes clairs risquerait d’être inefficace. Yannick Neuder, ministre délégué à la Santé, met en avant « la pédagogie d’abord, mais il faut aussi envisager des mesures plus fermes ».
Où en est la législation ?
À ce jour, la vaccination contre la grippe n’est pas obligatoire en France, mais fortement recommandée pour les professionnels de santé. Cependant, face à la persistance d’une faible couverture, un projet de loi visant à rendre cette vaccination obligatoire est en discussion à l’Assemblée nationale.
Cette évolution s’inscrit dans un contexte où la santé publique cherche à tirer les leçons de la pandémie de Covid-19, qui a instauré l’obligation vaccinale contre le virus SARS-CoV-2 pour les soignants.
À SAVOIR
Selon Santé Publique France (2024), vacciner les soignants contre la grippe réduit de 40 % la transmission du virus aux patients et diminue fortement l’absentéisme dans les hôpitaux. Atteindre plus de 60 % de couverture vaccinale chez les professionnels améliore donc la protection des patients et la continuité des soins.
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