Jeudi 24 juillet, Étienne Wolf et Francis Bentz, respectivement président et directeur général du bailleur social Alsace Habitat, ont répondu aux critiques de leurs locataires lors d’une conférence de presse où dix médias locaux étaient conviés, mais pas Rue89 Strasbourg.
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Camille Balzinger
Publié le 30 juillet 2025 ·
Imprimé le 1er août 2025 à 15h50 ·
Modifié le 31 juillet 2025 ·
3 minutes
Les locataires dénoncent l’augmentation des charges, le bailleur social pointe les « dégradations volontaires ». Jeudi 24 juillet, Étienne Wolf et Francis Bentz, président et directeur général du bailleur social Alsace Habitat ont répondu aux critiques de leurs locataires à l’occasion d’une conférence de presse, dont fait état un article des Dernières nouvelles d’Alsace, laissé en accès libre aux lecteurs et lectrices.
Rue89 Strasbourg n’a pas été convié
Jeudi 17 juillet, Alsace Habitat a convié dix médias strasbourgeois à la conférence de presse durant laquelle les deux dirigeants ont répondu aux critiques des locataires. Parmi eux, les DNA, TF1, RCF, Judaïca, Actu Strasbourg, Ami hebdo, Topmusic, France 3 Alsace, France télévision et Radio France.
Initialement, notre article précisait qu’Alsace Habitat avait choisi « son » média, une erreur corrigée le 30 juillet à 16h28 : le bailleur a choisi « ses » médias.
Depuis janvier 2024, au moins deux collectifs de locataires du bailleur social de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) ont été créés pour contester l’augmentation de leurs charges. Après des aides ponctuelles concédées à certain·es locataires en 2024, la CeA a débloqué 116 000 euros en 2025 afin que les régularisations de charges ne dépassent pas 2 000 euros par logement – une enveloppe jugée insuffisante par les collectifs.
Audit commandé en juin
Frédéric Bierry, président (LR) de la CeA, a par ailleurs « commandé un audit d’Alsace Habitat à un opérateur extérieur pour évaluer la réalité des problèmes », a-t-il annoncé fin juin dans le cadre du débat sur la stratégie budgétaire de sa collectivité et face aux critiques de trois conseille·res départementaux de gauche.
Aux Dernières nouvelles d’Alsace, les deux dirigeants d’Alsace Habitat ont répété que ces augmentations de charges étaient liées à celles du prix du gaz et donc du chauffage et de l’eau chaude – un argumentaire constant depuis 2024. Ils dénombrent 141 locataires avec un rappel de charges supérieur à 2 000 euros en 2023, 24 en 2024 – sur 17 000 logements en tout, précisent-ils. Alors que le bailleur social réalise un chiffre d’affaires de 107 millions d’euros, il consacre entre « 15 et 18 millions d’euros » à « améliorer la performance énergétique » de ses logements et la même somme à la « requalification, sécurisation et embellissement du patrimoine ». 50 millions vont annuellement à la construction de 200 à 500 logements neufs.
Une transition toute trouvée pour laisser à la direction le choix d’évoquer un autre poste de dépense : les « dégradations volontaires ». « Alsace Habitat doit faire face à une montée des incivilités et de la délinquance pour un coût qui atteint deux millions d’euros », ou plutôt, « 1,7 million », apprend-on dans l’article. Entre le « non-respect des consignes de gestion des déchets » et les « problèmes de voisinage » ayant mené au recrutement d’un médiateur et d’une assistante sociale, Alsace Habitat a également « dépensé 250 000 euros dans la sécurité privée en 2024 ».
Les dirigeants vont jusqu’à envisager la création « d’une police interbailleurs qui permettrait de mutualiser des services de prévention et de surveillance », sans préciser sur quelle compétence du bailleur ou de la CeA ce nouveau service pourrait trouver sa base légale.
En toute fin d’article, le président Étienne Wolf consacre cinq mots aux 30 000 euros versés par l’ancêtre d’Alsace Habitat à une association d’aide au développement dont il est fondateur opérant entre la Côte d’Ivoire et Brumath (dont il est maire) : « J’ai la conscience tranquille. »
Le directeur général Francis Bentz, reconduit au printemps par le conseil d’administration, n’est quant a lui pas revenu sur les accusations de désorganisation, de potentiel favoritisme, d’incompétence, d’incapacité à la remise en question ou de mal-être au travail de certain·es salarié·es interviewé·es par Rue89 Strasbourg en avril 2025.
Contacté, le bailleur social n’a pas donné suite à notre sollicitation pour savoir dans quel cadre les deux dirigeants d’Alsace Habitat ont sélectionné les médias conviés à leur réponse aux critiques des locataires, dont une bonne part ont paru dans Rue89 Strasbourg.
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