L’agence de police douanière et de contrôle des frontières (ICE) lancée par l’administration Trump est l’incarnation violente de la répression déclenchée depuis la réélection du Républicain. De la multiplication des rapts dans la rue et des tribunaux à la bataille rangée ayant embrasé Los Angeles, le bras armé de la Maison Blanche est devenu le symbole de la politique raciste et autoritaire menée depuis près de six mois.

La militarisation des forces policières, comme de la lutte contre l’immigration, s’avère cependant plus large que dans le seul cadre de l’action de l’ICE. L’administration trumpiste a ainsi autorisé, selon une note dévoilée par le New York Times mercredi 30 juillet, le déploiement de la Garde nationale dans vingt États.

Les États-Unis évoluent vers un pays militaire

Les troupes devraient donc prendre pied dans l’Arkansas, la Floride, la Géorgie, l’Indiana, l’Iowa, la Louisiane, le Nebraska, la Caroline du Sud, le Texas, l’Utah et la Virginie, entre autres États, selon un responsable de la défense interrogé par le média indépendant The Intercept. Leur mission : contrôler les centres d’immigrations. D’un pays policier – dont la violence s’incarne brutalement dans la mort de citoyens -, les États-Unis évoluent vers un pays militaire. Les forces armées sont impliquées dans des opérations nationales.

Surtout, ils sont chargés de faire régner la terreur au sein d’une population déjà victime de racisme, d’une pauvreté structurelle et constamment attaquée par les autorités. Les troupes de la Garde nationale seront chargées d’aider au « traitement des étrangers » – soit le travail administratif précédant la détention. La direction de l’ICE « dirigera » les soldats affectés à la mission. Cette dernière doit débuter en août, selon la note révélée par le New York Times.

Interrogé par The Intercept, le Pentagone a déclaré que ces troupes opéreront sous le statut dit « Titre 32 ». Cela signifie que les troupes agiront sous un contrôle étatique plutôt que fédéral. Un changement par rapport aux déploiements de l’armée à Los Angeles pour mater les révoltes et aux abords des frontières. L’administration Trump s’appuie ainsi sur une faille juridique intégrée au « Titre 32 ». Cette dernière permet à la Garde nationale d’exercer des fonctions de maintien de l’ordre au niveau local à condition qu’elle ne soit pas dépêchée sous un statut fédéral… et ce, même si elle accomplit une mission fédérale.

Au cours de ses six premiers mois de mandat, Donald Trump a officialisé le déploiement de 20 000 soldats sur le sol national. Supervisés à un niveau fédéral, donc sous le contrôle direct de son administration, ces envois de forces armées ont concerné des membres de la Garde nationale, de l’armée de terre, de la marine, de l’armée de l’air et des Marines, selon les données du Pentagone. Plus de 10 000 soldats ont notamment été déployés rien qu’à la frontière avec le Mexique.

Rassemblés sous le nom de Force opérationnelle interarmées-frontière sud (FOI-SB), ces militaires y sont présents depuis mars. « Un tiers de la frontière américaine est désormais entièrement militarisé en raison de la création de quatre nouvelles zones de défense nationale, ou NDA : des extensions tentaculaires de bases militaires patrouillées par des troupes qui peuvent détenir les immigrants jusqu’à ce qu’ils puissent être remis aux agents de la patrouille frontalière », résume The Intercept.

L’envoi de la Garde nationale dans vingt États « soulève presque les mêmes inquiétudes que le recours aux troupes d’active, et même plus », estime Elizabeth Goitein, directrice principale du programme Liberté et sécurité nationale du Centre Brennan. « Il s’agit d’une nouvelle tentative de contourner la loi Posse Comitatus (qui date du XIXe siècle et sanctuarise la séparation des pouvoirs, NDLR), qui interdit normalement à l’armée de participer à des activités civiles de maintien de l’ordre », ajoute-t-elle. Pas de quoi freiner Donald Trump, dont le projet autoritaire ne cesse de prendre forme au fil des semaines.

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