Trois mois de sursis. C’est le délai convenu entre le président des États-Unis et son homologue mexicaine pour prolonger les droits de douane actuellement imposés sur les produits mexicains, alors que le locataire de la Maison Blanche menaçait son premier partenaire commercial de porter la surtaxe à 30 %.

« Nous nous sommes mis d’accord pour prolonger, sur une période de 90 jours, le même accord que nous avons eu sur la dernière courte période », a déclaré le président Donald Trump sur son réseau Truth Social.

Une décision qui revient à maintenir à 25 % les droits de douane uniquement sur les produits entrants aux États-Unis en dehors de l’accord de libre-échange nord-américain (ACEUM). Soit autour de 16 % du total des échanges commerciaux (80 milliards de dollars de marchandises), le reste étant exempt de taxation. Les droits de douane spécifiques aux secteurs automobile, de l’acier et de l’aluminium ont eux aussi été maintenus tels quels.

Décrivant l’entretien téléphonique de 40 minutes qu’elle a passé ce jeudi avec son voisin de « très bon », la présidente Claudia Sheinbaum s’est réjouie sur X d’avoir pu éviter l’augmentation des droits de douane annoncée pour ce vendredi 1er août et d’avoir obtenu une prorogation « pour élaborer un accord à long terme basé sur le dialogue ».

Une interdépendance économique

Alors que le président états-unien a signé jeudi un décret imposant une hausse des taxes douanières à la plupart de ses partenaires commerciaux, avec des majorations fluctuant de 10 à 50 %, la présidente mexicaine paraît ainsi échapper à la guerre commerciale livrée par le républicain et peut même se prévaloir, pour l’instant, d’avoir obtenu « le meilleur accord possible » avec un report qui « sauvegarde » l’ACEUM.

Dans le nouveau cadre commercial international qui se dessine depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, « le Mexique reste la meilleure option pour investir », a souligné la cheffe d’État lors d’une conférence de presse, tout en décrivant des négociations menées « en gardant la tête froide tout en défendant fermement (ses) principes » : respect, défense de la souveraineté et confiance entre les deux pays.

En 2024, les États-Unis étaient destinataires de 83 % des exportations du Mexique, pour un total dépassant les 500 milliards de dollars, et avec une balance commerciale nettement favorable pour le voisin du sud (+ 166 milliards de dollars).

Des chiffres qui montrent à quel point les États-Unis sont tributaires des produits en provenance du Mexique – dont une partie vient de la production chinoise transférée sur le territoire de la seconde puissance économique latino-américaine afin d’éviter les droits de douane instaurés par le président républicain lors de son premier mandat (2017-2021) – mais qui reflètent aussi le niveau de dépendance d’une économie mexicaine presque exclusivement tournée vers le nord.

Sécurité : vers la signature d’un accord de coopération ?

De quoi donner des moyens de pression – pour ne pas dire de chantage – à un président états-unien dont deux des sujets de prédilection sont étroitement liés avec son voisin : l’immigration et la lutte contre la drogue.

Si Washington peut déjà compter sur un voisin coopératif pour freiner les flux migratoires en direction des plus de 3 000 kilomètres de frontière séparant les deux pays, son chef se plaint régulièrement d’un gouvernement mexicain qui n’en ferait pas assez en matière de lutte contre les puissants cartels de la drogue.

Et qu’importe si les faits paraissent indiquer le contraire (la stratégie sécuritaire mise en place par la nouvelle administration mexicaine, en fonction depuis octobre 2024, semble commencer à donner des résultats) : les récurrents faits divers mettant en lumière la violence qui flagelle le Mexique donnent continuellement des arguments aux États-Unis pour maintenir ses menaces.

Suite à l’appel téléphonique passé ce jeudi entre Donald Trump et Claudia Sheinbaum, cette dernière a déclaré que les deux pays étaient sur le point de signer un accord en matière de coopération sécuritaire prévoyant notamment un cadre de collaboration pour réduire l’entrée de précurseurs de fentanyl et d’armes au Mexique, ainsi qu’en matière de renseignement.

Une annonce qui, avec l’accord douanier obtenu par son gouvernement, est présentée comme une nouvelle victoire par la présidente Claudia Sheinbaum. La première dirigeante de sexe féminin du pays – et progressiste – jouit actuellement d’un taux d’approbation de 80 % au sein de sa population.

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