Il est difficile de ne pas partager la révolte des parents de Medhi Narjissi à mesure que s’égrènent les éléments sur la disparition du jeune rugbyman en Afrique du Sud, le 7 août 2024. Le récit aux enquêteurs des coéquipiers présents à Dias beach, lieu de la disparition de l’adolescent de 17 ans, révélé par le quotidien L’Equipe ce vendredi, accable en tous points le staff de l’équipe de France U18.

Au lendemain d’un match contre une équipe universitaire, le préparateur physique Robin Ladauge avait envoyé un message dans une boucle Whatsapp créée par les encadrants, en soulignant l’obligation pour les joueurs d’effectuer un bain froid pour favoriser la récupération des joueurs. Deux choix possibles : un bain froid à l’hôtel en fin de journée ou un bain sur la plage du cap de Bonne Espérance.

Une bouée, des gamins heureux puis le drame

Dias beach, en l’occurrence, dont les locaux connaissent parfaitement la dangerosité, par ailleurs signalée par des panneaux aux abords de la plage. Un seul encadrant, un kiné qui n’est pas allé jusqu’à la plage, a admis l’avoir vu. On peut supposer que les joueurs n’étaient pas conscients des risques encourus en allant à l’eau.

En descendant sur la plage, Robin Ladauge aperçoit une bouée. « II m’a dit « je vais prendre la bouée au cas où il arrive quelque chose » », raconte Léo Michaux (17 ans). Il s’agira de la seule précaution prise, le reste relevant de la surveillance au doigt mouillé. « Robin était à une dizaine de mètres du bord. Il se chargeait, entre guillemets, de faire la police quand nous allions trop loin [dans l’eau]. »

Au bout d’un quart d’heure, le préparateur siffle la fin de la récré, mais cède devant les joueurs qui passent du bon temps au point de réclamer du rab. Medhi Narjissi (1,68 m) propose à son coéquipier Noa Tinnirello de rejoindre Baptiste Veschambre (2,02 m), 30 mètres plus loin. Noa Tinnirello refusera, mais quand Robin Ladauge annonce la fin des cinq minutes supplémentaires, Medhi Narjissi manque à l’appel alors que Baptiste Veschambre était déjà de retour sur la plage. Aux enquêteurs, Antonio Ratavo (18 ans), dira qu’il a vu Medhi partir. « On pensait qu’il faisait une petite blague pour qu’il puisse prendre une dernière vague. Connaissant Medhi, il aimait bien faire des choses drôles. » Sauf que ça n’en était pas une. « Les adultes ne savaient pas quoi faire », poursuit-il.

La tentative de sauvetage héroïque du jeune Oscar Boutez

L’analyste de performance Axel Dupont reste figé, Robin Laudauge se heurte au courant en essayant de faire usage de sa bouée. Leur impuissance pousse finalement un gamin de 16 ans, Oscar Boutez, à se jeter à l’eau et à risquer sa vie. Excellent nageur, il réussit à rejoindre Medhi Narjissi. « J’arrive à sa hauteur. Medhi est en train de crier « au secours ». II demande de l’aide. J’arrive à le récupérer, je le mets sur mon dos et je nage vers le bord. »

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Oscar Boutez encaisse le courant, dit à son coéquipier de s’agripper et de respirer entre deux vagues, mais les deux jeunes rugbymen sont finalement piégés par un mur d’eau de plusieurs mètres. « Nous avons pris la vague de plein fouet. Medhi m’a lâché. J’ai été emporté un peu n’importe comment. Il m’a semblé être resté sous l’eau une vingtaine de secondes avant que je réussisse à remonter à la surface. Je me suis retourné, j’ai regardé partout, je ne voyais plus Medhi. » Il ne sera jamais retrouvé.