Dans la série Get Swiss or Die Trying à laquelle Marvin Merkel travaille depuis plusieurs années, l’augmentant régulièrement de nouvelles images, on reconnaît nombre de clichés de l’identité suisse. En vrac: le glorieux edelweiss, le serment du Grütli, Guillaume Tell le héros national, la haute horlogerie, l’amour du cervelas, ou encore certains éléments graphiques connus – et parfaitement conçus, bien entendu – comme la Croix-Rouge, le logo d’UBS ou celui des CFF. L’icône absolue qu’est le Cervin vient parfaire cette collection de signes du soft power helvétique.

Pour les Swiss Design Awards, où il était sélectionné cette année, le photographe a complété cette galerie d’images d’une nouvelle pièce sculpturale. Il s’agit d’une grosse boîte en carton munie d’un bouton rouge et d’une caméra, une machine assez sommaire dans sa fabrication et qui permet d’imprimer en quelques secondes un passeport helvétique. Merkel, né à Lausanne de parents allemands, a toujours vécu en Suisse mais n’a pas la nationalité. «Sans passeport, sans liens familiaux, sans racines en Suisse, je ne me suis jamais pleinement identifié comme Suisse, bien que j’aie vécu ici toute ma vie», explique-t-il, avant de rappeler qu’en raison de leur nationalité étrangère, près d’un quart des personnes résidant en Suisse se trouvent, de fait, exclues du droit de vote. Une statistique édifiante qui l’a amené à se questionner sur le fonctionnement de la démocratie helvétique.