Sa prise de parole sur le sujet était attendue. Elle est pour l’heure rassurante au moment même où ses deux voitures occupent les dernières places de la première journée du Grand-Prix de Hongrie. François Provost, nouveau Directeur général de Renault Group, a confirmé en conférence de presse son soutien à l’implication d’Alpine en Formule 1. Le nouvel homme fort du Losange met ainsi un terme aux rumeurs d’un futur retrait.
Ses supporters et ses employés peuvent souffler. Dans le cadre de sa nomination à la tête du groupe Renault et de la présentation des résultats du premier trimestre de l’entreprise, François Provost a évoqué la question de la présence du A fléché en Formule 1. Bon dernier du classement des constructeurs, et après moultes turbulences en coulisse, Alpine peut continuer de respirer et surtout finaliser sa préparation pour la saison 2026, véritable test pour son futur.
La prochaine campagne verra en effet la Formule 1 introduire une nouvelle réglementation, et le A fléché recevoir un moteur client, en lieu et place du bloc usine produit par Viry-Châtillon. Une opportunité et une décision radicale dont Alpine devra tirer profit, au risque d’agacer en haut-lieu avec une campagne marketing contre-productive. Cela d’autant plus que le groupe Renault entend débuter une période de rigueur budgétaire.
Gel des embauches jusqu’à la fin de l’année calendaire, réduction des frais administratifs comme des coûts de production et de recherche & développement, la Formule 1 doit, dans ce contexte, se montrer particulièrement exemplaire dans une période où l’automobile, toutes marques confondues, rencontre des défis de transformation majeurs. Renault reste néanmoins l’une des références en matière de rentabilité, et entend donc poursuivre ses projets déjà engagés.
Ainsi, souvent citée comme une source d’interrogation au-delà de la Formule 1, la marque Alpine est soutenue. Son ambition produit et internationale reste de rigueur, même si des ajustements sont possibles – avec le retour potentiel d’un plan thermique et un lancement repoussé aux Etats-Unis. La Formule 1 comme plateforme marketing mondiale constitue un terrain de jeu idéal pour promouvoir et faire connaître un A fléché en manque de notoriété.
» Le contexte imposera de faire des choix de priorité, et il y aura toujours le produit en tête « , confirme François Provost lors de sa première conférence de presse pour annoncer les résultats du premier semestre. » Si on parle d’Alpine, c’est peut-être un rêve que d’avoir une marque premium sportive française mais c’est la bonne stratégie, mais maintenant il faut que l’on exécute. «
La bonne nouvelle pour Alpine et le groupe Renault est l’excellente santé générale de la Formule 1. Si certaines presses non spécialisées parlent d’un coût, la discipline reine des sports mécaniques est plutôt devenue un centre de profit ! La valeur des équipes dépasse allégrement le milliard d’Euros, tandis que les audiences et les revenus ne cessent d’augmenter. Pour preuve, l’énorme succès récent du film F1, avec plus de 300m$ de profit en 10 jours, un record pour Apple !
Ce n’est pas pour rien que de nombreux acteurs veulent investir, y compris Christian Horner, dont on dit qu’il dispose d’un intérêt certain pour rejoindre le projet du groupe Renault en contrepartie de parts au sein de l’écurie française. Et la porte chez Ferrari étant aujourd’hui fermée – avec la reconduction du contrat de Frédéric Vasseur -, le britannique risque d’être régulièrement cité du côté du A fléché.
Quitter la Formule 1 serait donc étonnant, à l’exception d’une situation où l’image est écornée. Pour cela, Alpine doit absolument quitter le fond du classement. Difficile de savoir si François Provost est un amoureux de sport automobile. On ne retrouve qu’une trace, du côté de L’écho.be qui évoque un homme » réputé travailleur acharné, mais peu passionné par la course « , et qui ne » serait pas opposé » à un retrait complet. Son discours officiel est toutefois allé dans le sens inverse, pour cette fois.
François Provost a également assuré avoir le Losange » dans le cœur » et connaît parfaitement l’histoire de cette marque et son lien à la compétition automobile. S’il faudra peut-être être davantage convaincant qu’avec Luca de Meo, la Formule 1 reste une pierre angulaire de la stratégie d’Alpine, et de l’engagement des salariés au groupe Renault, comme source de cohésion et d’identification à une marque dynamique capable de batailler avec les plus grands noms.
» C’est absolument clair « , affirme Pierre Gasly dans le paddock du Hungaroring, à propos du futur d’Alpine en Formule 1 avec cette nomination. » François est chez Renault depuis des années. Il connaît l’ADN de l’équipe et du groupe. Il est pleinement dévoué au sport, dans l’équipe de Formule 1. Il veut voir des résultats et nous soutient tous. «
Le projet désormais validé par la nouvelle Direction, Alpine doit se donner les moyens de réussir. Le Grand-Prix de Hongrie ne débute pas de la meilleure des manières avec une A525 très peu à l’aise sur les virages lents du circuit hongrois, entre glisse et manque de motricité. Le rendez-vous est cependant pris pour 2026 où il faudra clairement montrer un autre visage. Un énième espoir, mais peut-être le dernier avant une autre décision radicale après l’arrêt de Viry-Châtillon. Quant à un retour du moteur Renault, c’est encore un autre sujet…