Par

Monique Henriet

Publié le

1 août 2025 à 12h51

« Mon secret ? Il faut toujours avoir quelque chose à faire ! », lance Pierre Javaux, 82 ans, assis sur des cartons à même le sol, pinceaux à la main, au pied de la fresque qu’il réalise à Champagnole dans la ruelle des boucheries (en face de la mairie) qui mène aux promenades des bords de l’Ain. Depuis le début du mois de juin 2025 en effet, il est charcutier le matin et peintre l’après-midi. Rencontre avec l’artiste. 

« Je suis né ici et cela fait plus de 80 ans que je vois ce mur triste et sale. Il y a longtemps que j’avais dans l’idée de faire quelque chose, pour que ça complète ce qui a été fait sur la façade de notre mur en face, mais le temps m’a manqué. J’ai profité que j’étais en vacances, du fait que le magasin était fermé pendant trois semaines, pour me lancer dans le projet », ajoute-t-il avec un sourire amusé.

Pas un retraité comme les autres

Il faut dire que l’alerte octogénaire n’est pas un retraité comme les autres. En effet, chaque matin, il continue de travailler au laboratoire de la charcuterie familiale, le célèbre Relais du fumé, situé avenue de la République, où il s’occupe notamment de la salaison. 

Rappelons qu’avoir pris la suite de ses parents, Raymond et Augusta Javaux dans les années 70-75 à la tête du commerce, Pierre Javaux et son épouse Thérèse sont restés aux côtés de leur fille Edwige et de son mari lorsqu’ils ont à leur tour pris le relais à la tête de l’entreprise familiale en 2005. 

Vidéos : en ce moment sur ActuUn vaste chantier réalisé tout seul

« Pour lancer mon projet, j’ai demandé à la veuve du propriétaire de la maison pour savoir si elle m’autorisait à faire une petite fresque sur ce mur Au départ, je pensais peindre deux-trois silhouettes en ombre chinoise », explique Pierre Javaux qui s’est alors lancé, tout seul, dans un chantier bien plus vaste que prévu au départ. 

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Cela a commencé par un gros travail de nettoyage de la façade sur une surface d’environ 150 m2 et la pose d’une première, puis d’une deuxième couche de peinture. « Pour le choix des couleurs, j’ai demandé à ma fille qui a fait les Beaux-Arts. C’est elle qui m’a conseillé les trois couleurs principales. Et puis, sans faire de croquis, je me suis lancé ». 

La fresque agrémente la ruelle des boucheries qui mène sur les bords de l'Ain.
La fresque agrémente la ruelle des boucheries qui mène sur les bords de l’Ain. ©Monique Henriet

Et, de ce qui devait être « deux ou trois silhouettes en ombres chinoises« , ce sont en fait plusieurs espèces d’animaux des forêts jurassiennes qui ont pris forme sous ses pinceaux : aigle royal, milan, sangliers, chevreuils, faon, tétras, lapins, papillon, colombe de la paix… « Les animaux ça parle à tout le monde ».

« Je ne pensais pas être capable de faire une telle fresque. J’ai toujours fait des travaux ; notamment de la maçonnerie lorsqu’il a été question d’agrandir le magasin ; j’étais autant maçon que charcutier. Quant à la peinture, je m’y étais intéressé il y a quelques années, mais cela ne m’avait ennuyé. Cette fois, je me suis vraiment pris au jeu. Je modifie, j’ajoute des éléments, des touches de couleur… », raconte-t-il amusé. 

La fresque se prolonge sur le retour du mur en bas de la ruelle.
La fresque se prolonge sur le retour du mur en bas de la ruelle. ©Monique Henriet

Et ce qui le touche le plus, ce sont les réactions des passants : « Bravo ! Merci Monsieur pour cette belle réalisation ! Félicitations !…. ». Les commentaires ne manquent pas. 

« Quand je vois les gamins qui me disent que c’est beau : c’est que du bonheur ! »Pierre Javaux, charcutier et peintre.

En complément de cette fresque qui se poursuit sur le petit retour de la maison, Pierre Javaux a également indiqué au sol, la direction des bords de l’Ain à un peu plus de 100 mètres.

Accompagné de ses petits-enfants, Pierre Javaux échange volontiers avec les passants.
Accompagné de ses petits-enfants, Pierre Javaux échange volontiers avec les passants. ©Monique Henriet

Ainsi, en plus d’être charcutier, maçon, peintre, il est aussi point information touristique pour les visiteurs et les gens de passage qui ne manquent pas de prendre quelques photos pour immortaliser cet échange ressourçant avec « Papicasso« . 

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