Parfois, on trouve de l’or en haut des collines. Ou plutôt des fruits d’or, le surnom de la mirabelle de Lorraine… Alors que le début de la récolte a officiellement commencé pour une bonne partie des deux cents producteurs lorrains, le verger où nous avons rendez-vous ce jeudi matin surplombe les champs de Loromontzey, un village de moins de cent âmes situé à une dizaine de kilomètres de Bayon.

Sur place, vingt-deux cueilleurs s’activent depuis 8h du mat’sur les mirabelliers afin de remplir leurs paniers, à même le sol ou en montant sur des plates-formes de cueillettes pour les branches en hauteur. « On a un peu commencé ce mercredi après-midi, mais c’est aujourd’hui le vrai départ » sourit Bruno Colin, exploitant de la ferme de Sabieumé qui produit des fruits sur 25 hectares, majoritairement des mirabelles. « On en a sur 12-13 hectares, reprend l’exploitant, chaque année, on récolte entre 150 et 200 tonnes ». Une production envoyée quasi entièrement à Vegafruits, coopérative spécialiste de la mirabelle de Lorraine.

Les « Speedy Gonzales » des vergers

Ce jeudi matin, les cueilleurs passent d’un arbre à l’autre pour remplir leurs paniers avant de les déverser dans des cagettes pouvant contenir huit-neuf kilos de mirabelles… Stylo et feuille en mains, Anne-Laure, salariée agricole, annonce à chaque passage le nombre de paniers depuis le début… « Melda, vingt-deux, Lucie, dix-huit, Haï, vingt-trois… ».

Un décompte précieux. Ici comme ailleurs, on paie au SMIC, mais il y a aussi une part variable qui fait souvent toute la différence… « Il y a parfois de gros écarts entre ceux qui ont l’habitude et ceux qui commencent » observe Bruno Colin, « cela peut aller du simple au triple… ». Avec à la clé, des paies nettement plus élevées pour les « Speedy Gonzales » des vergers.

Du coup, les cueilleurs ne perdent pas de temps. Quitte parfois à passer à l’arbre suivant quand il ne reste plus beaucoup de fruits. Mais les responsables veillent à ce que chaque arbre soit bien « dépouillé »… Quant aux fruits les plus hauts, ils seront récoltés un peu plus tard, avec des nacelles spéciales.

Le ballet des paniers se poursuit ainsi durant toute la matinée. Derrière les tables, Ludovic, responsable culture, trie rapidement les mirabelles dans les cagettes. « On enlève les fruits de petits calibres, ceux qui ont des gros défauts, pourris ou éclatés » explique-t-il en avisant une cagette avant de la mettre sur une palette derrière un tracteur. « On fait une palette à l’heure environ » lâche-t-il.

« Avec les fruits, rien n’est écrit à l’avance »

Avec soixante-dix caisses par palette, il est ainsi possible de cueillir plus de cinq tonnes en une journée si la pluie ne s’en mêle pas. Si c’est le cas, la cueillette est reportée à plus tard. Aucun risque de ce côté ce jeudi. Avec un ciel dégagé, des températures ni trop chaudes, ni trop froides, et une douce brise, la météo est parfaite pour la cueillette…

À l’image d’autres exploitations, la ferme Sabieumé utilise aussi des récolteurs vibreurs mécaniques qui secouent les arbres. Ne reste plus ensuite qu’à recueillir les fruits tombés sur de grandes bâches. Un dispositif qui nécessite moins de main-d’œuvre, mais plus de tracteurs et de chauffeurs. « On fait plus de cueillette manuelle que mécanique, mais l’année dernière, c’était l’inverse car c’était moins facile de travailler sur les arbres » reprend Bruno Colin, « avec les fruits, rien n’est écrit à l’avance… ».

Ce qui l’est en revanche, c’est la durée de la récolte : quatre semaines environ chaque année. Près d’un mois à aller jouer les chercheurs d’or dans les arbres pour régaler les amateurs de mirabelles de Lorraine…