Il est midi et demi ce vendredi 1er août, et la bande de Gaza vue du ciel est comme morte. Par le hublot de l’avion français qui longe la côte du nord au sud, on ne voit que désolation. D’abord une immensité de terrains vagues, au milieu desquels se dressent quelques rares bâtiments encore debout. Puis Gaza City. Des quartiers entiers sont rasés, disparus.
Ce qui fut le front de mer n’est que ruines. De cette ville blanche et animée ne restent que des rangées serrées d’immeubles aux formes vagues et inégales, séparées par des pistes jaunâtres, une grande place ronde semble labourée. Des abris de fortune recouvrent les plages, jusqu’à la limite des vagues. Les voitures ont disparu. Un éclat de soleil est renvoyé par le pare-brise d’un véhicule invisible de cette hauteur.
De larges tranchées courent depuis la mer, comme d’immenses balafres dans un corps torturé. La guerre a aussi avalé les couleurs. Un toit rouge se détache, incongru, dans un magma gris foncé. Soudain, l’avion se cabre à 7 degrés et à une vitesse folle, les gros colis chargés de lait