Y aura-t-il des résidus médicamenteux dans les rejets en mer de la future station d’épuration Haliotis 2 (1)? C’est en substance la question que se posent différentes associations environnementales.

« Le surcoût financier serait trop élevé pour mettre en place les filtres ou toute autre technologie nécessaire pour capturer les nanodéchets, dont les déchets médicamenteux en provenance des toilettes des particuliers, des entreprises, des hôpitaux ou des maisons de retraite », affirme Christian Razeau, président de l’Association pour le développement du droit animalier (ADDA).

« Retenir la meilleure option pour traiter ces micropolluants »

Pour Hervé Paul, président de la régie Eau d’Azur et vice-président de la Métropole délégué à l’Eau et à l’Assainissement, les choses sont claires: « La dernière directive européenne sur les eaux résiduaires urbaines, approuvée par le Parlement européen, le 8 novembre 2024, intègre pour la première fois un objectif relatif aux résidus médicamenteux. Ce texte doit être transposé en droit français à l’échéance 2027 et les installations devront respecter cette nouvelle contrainte à l’échéance 2045. »

« À ce jour, la Suisse est le seul pays du continent européen à avoir mis en place une politique nationale d’implantation de ces traitements. (…) Espérons que le projet Haliotis 2 intégrera des techniques innovantes déjà existantes », avance Juliette Chesnel-Le Roux, présidente du groupe des élus écologistes à la Métropole.

« Il est d’ores et déjà intégré dans le projet Haliotis 2 un pilote industriel qui permettra – via plusieurs filières parallèles – de comparer et retenir la meilleure option pour traiter ces micropolluants, évoque le vice-président de la Métropole. Le projet Haliotis 2 est également conçu pour pouvoir intégrer, en fonction des résultats, ces traitements complémentaires. »

« Améliorer les seuils de détection »

« Dès aujourd’hui, de nombreuses analyses sont menées pour identifier les résidus médicamenteux ciblés effectivement présents dans nos effluents et le milieu naturel, complète Hervé Paul. Le laboratoire de la Métropole développe aussi des protocoles d’analyse pour améliorer les seuils de détection. Un pilote va être mis en service dès cet été et un autre l’année prochaine pour tester différentes technologies et identifier les plus pertinentes. Un doctorant va être dédié pour suivre ces pilotes. »

Mais, puisqu’il y a un « mais », selon Hervé Paul: « Ces techniques ont globalement un impact énergétique et environnemental lourd. Il est donc essentiel de trouver la solution technique la plus pertinente au regard de l’ensemble des enjeux. »

Et d’insister: « La meilleure des actions reste de traiter le sujet à la source et d’engager, à terme, l’industrie pharmaceutique à développer des molécules biodégradables dans le milieu naturel. » La présidente du groupe des élus écologistes à la Métropole attend d’ailleurs « plus de communication à l’attention des producteurs de produits médicaux humains ou vétérinaires, des distributeurs (pharmacie ou praticiens) et des usagers afin de limiter la consommation et donc les pollutions. »

1. La station d’épuration devrait être livrée en septembre 2031. 26 communes verront leurs eaux usées traitées à Haliotis 2.