
Un nouveau chef de gare est espéré aux Brotteaux – Photos Romain Ricard et Lyon People
Texte : Morgan Couturier – Exclusif. Installé au cœur de la gare des Brotteaux depuis deux ans, le restaurant Coco cherche déjà des repreneurs. Si le groupe Paris Society a su sublimement décorer les lieux, l’établissement n’a jamais su rentabiliser son magnifique emplacement.
On pensait Coco bien installé en première classe, un billet aller sans retour à la main, lorsque le restaurant s’est arrêté en gare des Brotteaux en juillet 2023. Et pour cause, à peine les portes franchies, le décor imaginé par l’architecte Corinne Sachot, avait laissé plus d’un visiteur pantois devant la beauté du site. Un coup de cœur que les premiers clients avaient néanmoins nuancé, après avoir reçu la carte des plats.
En effet, les propriétaires, Paris Society et Accor, avaient directement exposé les faits : les prix seraient équivalents à ceux pratiqués sur Paris (32€ le suprême de volaille, 42€ le filet de bar rôti ou encore 30€ le foie gras en entrée, ndlr). Qu’importent les remarques formulées par les fins gastronomes lyonnais à son inauguration, le groupe avait pris le parti d’assumer, misant même « sur 700 couverts par jour ».
Paris Society avait investi 6 millions d’euros
Toutefois, passé l’effet de nouveauté et la curiosité des débuts, Coco Lyon n’a pas mis longtemps à déchanter, sa salle de 190 couverts sonnant souvent creux à l’heure du déjeuner. Voire le soir, pourtant censé incarner son esprit « brasserie festive ».
L’établissement avait même repoussé d’un revers de la main l’idée très lyonnaise de proposer un menu du jour. Résultat, deux ans après son ouverture, Coco semble payer une politique commerciale décalée, malgré un chiffre d’affaires en hausse (4,8M€ en 2024, 2,9M€ en 2023).
Le document de vente de Coco Lyon présenté en agence spécialisée
D’après des documents d’agence dont nous avons pu prendre connaissance (ci-dessus), le groupe parisien cherche ainsi à revendre l’ancienne salle des ventes du commissaire-priseur Claude Aguttes. Interrogée par Lyon People, la directrice de la communication du groupe n’a pas répondu à nos sollicitations.
« S’ils avaient proposé des tarifs normaux, c’est-à-dire acceptables par les Lyonnais, ils nous auraient tués », évoquent plusieurs restaurateurs du 6. Hélas pour Coco, la fréquentation ne fut donc jamais suffisante pour couvrir un loyer exorbitant de 369 000€ annuel, auquel s’ajoutent 5% de hausse chaque année et près de 58 000€ de charges.
Qui pour racheter l’établissement ?
Reste à savoir si des acheteurs suffisamment fortunés voudront se positionner pour acquérir ce sublime mais néanmoins coûteux établissement de 764m2. Selon nos informations, Paris Society en réclamerait un peu moins de… 4,7 millions d’euros.
Si un tel montant pourrait ne pas être prohibitif pour de nombreux investisseurs lyonnais, le montant des loyers freine bon nombre de projets d’acquisition, et ce, en dépit du potentiel certain de ce trésor architectural.
Sans offre concrète, Claude Aguttes pourrait être tenté de récupérer les clés du restaurant dont il est toujours propriétaire des murs. Le très réputé commissaire-priseur viendrait alors valider l’idée d’un passage pour le moins raté du groupe parisien.


