C’est une expression perdue dans un document de 82 pages, et un aveu (en or) massif. Le projet présenté par le parti présidentiel Renaissance, intitulé «Pour une nouvelle donne économique et climatique», publié le 21 juillet, comprend une section dédiée à l’enseignement supérieur et à la recherche. On y lit : «L’université, cette grande école de la classe moyenne» (p. 38). Apparemment anodine, la formulation sonne pourtant étrangement à la seconde lecture.

Plantons le décor. En France, il existe des universités et des grandes écoles, un système illisible pour un étranger, dans lequel les grandes institutions d’enseignement et de recherche, lesdites universités, dédiées à l’avancement et la transmission du savoir, cohabitent avec des Ecoles fondées à partir de Napoléon 1er pour produire les cadres directeurs de la nation : enseignants, comme dans les Ecoles normales, ingénieurs, comme dans les écoles dites «d’ingénieur» (Centrale, les Mines, Supelec, etc.), ou cadres administratifs (ENA). On sait que les secondes sont extrêmement sélectives, recrutant à partir de concours d’une dureté maximale, dont les heureux rescapés quelques décennies plus tard conteront à leurs petits-enfants combien le succès leur aura coûté. On sait aussi que sortir d’une grande école assure ce qu’on appelle platement «un bon métier», généralement intéressant, au moins financièrement (le salaire étant inversement proportionnel à la position sur la hiérarchie descendante des écoles). On sait moins