Publié le
2 août 2025 à 6h32
À Bordeaux, comme dans de nombreuses villes, les commerçants indépendants vivent un vrai défi pour préserver leur place face aux évolutions des habitudes de consommation. A cela s’ajoutent : inflation et hausse des coûts énergétiques. « Si je suis dans le coin, je culpabilise de ne pas ouvrir ma boutique. Rester tranquille, posée à la maison, ça n’existe plus. » Sandy Hébert, commerçante bordelaise, ne compte plus ses heures. Elle a créé Le Psyché d’Holly, magasin de prêt-à-porter niché au 14, rue Saint-James voilà plus de onze ans. Elle s’inscrit ainsi parmi les 38 % des établissements installés depuis plus de dix ans à Bordeaux selon une étude de la CCI. Ses prochains jours de repos ? Quatre en septembre, utilisés pour se rendre à un salon professionnel à Paris. Témoignage du quotidien intense d’une commerçante indépendante.
Co-présidente de Bordeaux mon commerce et présidente du Quartier des créateurs — association qui regroupe artisans, commerçants et artistes du secteur Saint-Paul — Sandy Hébert, pour faire vivre sa boutique, doit sans cesse se réinventer et multiplier les efforts. Entre événements de quartier, réseaux sociaux et digitalisation, le métier dépasse largement la simple vente en magasin.
Et bien que son magasin soit officiellement ouvert du mardi au samedi, il n’est pas rare de pouvoir franchir son seuil les dimanches et lundis. « Je suis là pour donner un conseil, vendre une expérience, un moment », explique-t-elle tout en rappelant qu’elle choisit chacun de ses produits.
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« Ce magasin, c’est mes tripes. C’est un engagement de tous les jours. Si je ferme le lundi, cela représente 52 jours dans l’année et ça fait vite un trou dans la caisse »
Sandy Hébert
commerçante bordelaise dans le quartier de la Grosse Cloche
« Je veux pouvoir me regarder le soir dans le miroir »
« Je suis là pour accompagner le client et éventuellement le faire sortir de sa zone de confort », ajoute Sandy Hébert. Et de compléter : « Lorsque je vends un article, je veux pouvoir me regarder le soir dans le miroir. Je joue sur l’originalité des pièces, certes, mais aussi sur le prix et la durée de vie en choisissant au maximum des fabrications européennes. »
Ce qu’il faut savoirMis à jour le 31/07/2025
Dans son étude sur les chiffres clés du commerce en 2024, la CCI Bordeaux Gironde rappelle qu’à l’échelle nationale, les achats en ligne représentent un montant de 175,3 milliards d’euros, soulignant l’importance croissante du e-commerce . Parmi ces achats, 56 % concernent des articles liés à la mode et à l’habillement, et 41 % des chaussures.
Commerces et services (coiffure, nettoyage, réparation, conseil, santé, etc.) à Bordeaux :
800 créations en 2024 (-18% par rapport à 2023).
629 cessations en 2024 (-29% par rapport à 2023).
49,5% de taux de survie à 6 ans contre 49,3% entre 2013 et 2019.
Concernant les commerces et CHR (cafés-hôtels-restaurants) à Bordeaux :
321 ouvertures de procédures collectives en 2024 (+60% en un an) dont 153 liquidations judiciaires (+54,5% par rapport à 2023). L’objectif d’une procédure collective est d’aider une entreprise à surmonter ses difficultés économiques ou financières.
Voir toutCréer de nouvelles initiatives
Si Sandy Hébert est sur tous les fronts, c’est aussi parce qu’elle sait que c’est un équilibre fragile : « Gilets jaunes, Covid… Là tout va bien mais on ne peut pas se reposer sur nos lauriers car le commerce est en dents de scie ». Chiffres à l’appui, celui des soldes : « Moins 19 % par rapport à l’année dernière mais je ne panique pas car nous sommes tous concernés. »
Dans ce contexte, les initiatives collectives apparaissent comme des bouées de sauvetage pour défendre et dynamiser le commerce de proximité. À titre d’exemple, l’association Bordeaux mon commerce prépare la deuxième édition de son Festival des commerçants qui se tiendra les 25, 26 et 27 septembre dans toute la ville. L’idée : qu’artistes et commerçants animent les quartiers de Bordeaux entre performances et déballes de produits durant trois jours de festivités.
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