Par

Julian Doubax

Publié le

2 août 2025 à 17h32

L’été 2024 n’est pas un beau souvenir pour les supporters des Girondins de Bordeaux. Après une longue bataille, ponctuée de faux souvenirs, le club au scapulaire est relégué administrativement en National 2. Un choc qui a ému ceux qui ont vu Zinédine Zidane, Alain Giresse, Pauleta ou Yoann Gourcuff porter le maillot. Dans cette tourmente, une initiative populaire, Girondins Socios, s’est montée pour tenter de soutenir financièrement le club. Près d’un an plus tard, certains des 3 000 adhérents se questionnent sur l’avenir du mouvement.

Une inaction critiquée

Rapidement, ce projet d’actionnariat populaire a séduit les fans du club. Un modèle de socios, en vogue en Espagne et Amérique latine, qui s’est aussi répandu en France du côté de Bastia ou Sochaux ces dernières années.

« C’était une période où l’équipe était au bord du gouffre. J’ai suivi les modèles montés dans les autres clubs et j’ai adhéré », raconte Noa, supporter de longue date des Girondins. « Au tout début, je ne croyais pas forcément à ce projet mais je me suis laissé convaincre petit à petit. J’ai sans doute aussi adhéré un peu par dépit de la situation du club », confie Patrick, suiveur des Marine et Blanc.

Une lueur d’espoir pour ces habitués des travées du Matmut Atlantique. Pour rejoindre l’association, les fans doivent débourser 99 euros découpés en deux parties : 87 euros de frais d’entrée et 12 euros de frais annuels, destinés aux dépenses de fonctionnement.

Très vite, la barre des 3 000 membres est franchie. Un démarrage éclair qui suscite l’engouement. Mais au fil des mois, l’inaction se fait ressentir. « Difficile de juger l’évolution car j’ai l’impression qu’au final il n’y a rien eu. J’ai participé à un déplacement organisé pour les féminines à Poitiers. C’était sympa, mais à part ça, je suis incapable de citer une action concrète », confie Patrick.

Pour certains, c’est la douche froide : « C’est une vraie désillusion ce projet », estime un supporter qui souhaite rester anonyme.

Des membres quittent le navire

Outre l’impatience des adhérents, le bureau de l’association a aussi connu des turbulences depuis la création de Girondins Socios. Ces derniers mois, plusieurs personnes ont quitté l’organigramme. « Je suis parti à cause de désaccord sur la façon d’arriver au capital du club », indique Donatien qui s’est retiré du projet en mai dernier.

L’ancien bénévole pointe notamment du doigt la rémunération perçue par deux membres du bureau. « Pendant six mois, ils ont touché 1 000 euros par mois pour pas grand-chose au final. » Ces contrats devaient permettre d’avancer sur le développement de l’association et réussir à la pérenniser dans le temps.

De son côté, Charles Merle, président de Girondins Socios, défend les actions du groupe. « Au début, on ne s’attendait pas à cette ampleur. Il fallait réorganiser les choses et mettre un coup de collier. C’est pour cela qu’on a gratifié deux membres sur une période. »

Les divergences portaient également sur la création d’une société destinée à créer un club d’entreprises privées appelée « Girondins Socios Business Network ». À terme, les bénéfices devaient renforcer les comptes de l’association. « C’est une idée qu’on m’a proposé et que j’ai refusé », affirme Donatien.

Il indique aussi que le projet de club d’entreprises est « en suspens » et aurait été « soumis au vote des adhérents » dans tous les cas.

L’avenir de l’association

Cet automne, les adhérents vont avoir un choix cornélien. Ils vont devoir décider de conserver ou non l’argent récolté depuis le départ par l’association. Un tournant pour Girondins Socios. « Il faudra prendre du recul. Dans les autres formations, les Socios ne sont pas rentrés au bout d’un an dans le capital de leur club », rappelle Charles Merle.

Pour justifier l’évolution poussive, le président se tourne vers Gérard Lopez, propriétaire des Girondins de Bordeaux. « Les discussions avec la direction sont en stand-by. » 

En effet, l’association est forcément tributaire des décisions de l’homme d’affaires Hispano-Luxembourgeois. Malgré cette situation peu favorable, elle avait réussi à tisser des liens avec des personnalités qui s’étaient manifestées pour racheter le club au scapulaire. « On veut que les adhérents valident le projet d’un potentiel repreneur. Rien ne se fait sans leur accord. »

Qu’importe l’issue du vote, Charles Merle ne regrette rien : « On n’aura pas à rougir d’avoir voulu faire bouger les choses et même si ça coule, on aura essayé. »

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