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France Télévisions – Rédaction Sport
Publié le 16/05/2025 06:00
Temps de lecture : 6min
La Française Dominique Malonga pose avec la Commissioner de la WNBA, Cathy Engelbert, après avoir été draftée en deuxième position par l’équipe du Storm de Seattle, le 14 avril 2025 à New York (Etats-Unis). (PAMELA SMITH / AP)
Une dizaine de Tricolores évolueront outre Atlantique à partir de vendredi. Les performances des Bleues aux JO ont attiré les regards des recruteurs, et l’assouplissement de la politique de la Fédération française a libéré les envies.
Un parfait alignement des planètes. Voilà comment expliquer la présence record de Françaises cette saison en WNBA, la ligue féminine de basket américaine. La jeune prodige Dominique Malonga (19 ans), sélectionnée en deuxième position de la draft le 15 avril, va ainsi retrouver Gabby Williams, sa coéquipière chez les Bleues, au Seattle Storm. Et elle affrontera une dizaine d’autres Tricolores à partir de vendredi 16 mai, date du lancement de la saison de WNBA.
Sur la ligne, Adja Kane, 38e de la draft, et l’expérimentée Marine Johannès joueront pour le New York Liberty, Leïla Lacan pour Connecticut Sun, Carla Leite, Janelle Salaün et l’internationale de basket 3×3 Migna Touré pour la nouvelle franchise des Golden State Valkyries, Marième Badiane chez les Minnesota Lynx. Si elles ne portent pas le maillot bleu, la Franco-Camerounaise Monique Akoa-Makani et la Franco-Ivoirienne Kariata Diaby sont aussi engagées en WNBA. De son côté, la Française Iliana Rupert a été transférée aux Golden State Valkyries mais ne fait pas partie de la sélection (roster), qu’elle pourrait rejoindre plus tard dans la saison.
Ce nombre inédit de Bleues en WNBA tient d’abord aux récents résultats de l’équipe de France aux Jeux olympiques. Après l’argent de Londres 2012, le bronze de Tokyo en 2021, les Françaises ont de nouveau gagné l’argent à Paris. Surtout, elles ont bien failli faire tomber les Américaines en finale (67-66). De quoi attirer les regards des recruteurs, avec des coachs de l’équipe nationale des Etats-Unis qui officient aussi en WNBA. « Ils se disent que si les Françaises peuvent rivaliser contre les meilleures joueuses, alors elles peuvent jouer dans le championnat », éclaire auprès de franceinfo: sport Edwige Lawson-Wade, 210 matchs en Bleu et passée par la WNBA.
« Les résultats olympiques jouent énormément. Quand les Françaises ne gagnaient pas de médaille aux JO, elles restaient dans l’ombre. A partir de 2012, elles ont intéressé les Américains. »
Sandrine Gruda, ancienne capitaine des Bleues du basket et ex-joueuse de WNBA
à franceinfo: sport
Pour Edwige Lawson-Wade, les Bleues se distinguent par leur intensité physique : « Elles ont le corps qu’il faut pour la ligue américaine. On a une éducation, une formation plus basée sur la défense, et là-bas, il faut ça pour exister. »
Autre facteur facilitateur : l’actuelle expansion de la WNBA. La ligue américaine compte cette année une 13e franchise (les Golden State Valkyries, qui évoluent à San Francisco). Et doit en accueillir deux autres l’an prochain (basées à Toronto et Portland), et une 16e d’ici à 2028. « Avec davantage d’équipes, il y a plus de places pour les joueuses », résume Edwige Lawson-Wade. « La ligue est de plus en plus alléchante car elle est davantage accessible aux Européennes. Avant, le recrutement était très américano-centré. La ligue a aussi connu un boom médiatique », prolonge Sandrine Gruda pour justifier l’intérêt des joueuses françaises.
Le championnat nord-américain sort en effet d’une saison 2024 historique au niveau des audiences (+170% sur ESPN) et des spectateurs (+48%), qui lui a permis de renégocier ses droits TV nettement à la hausse, avec un contrat record d’au moins 2,2 milliards de dollars sur onze ans (1,94 milliard d’euros) à partir de 2026. « L’attrait financier entre également en ligne de compte même si certains pays européens restent dominants. La WNBA a augmenté ses salaires et reste une ligue très prestigieuse. Le rêve américain existe encore. Quand on affiche ‘WNBA’ sur son CV, cela a un impact sur notre valeur marchande », poursuit Sandrine Gruda, qui s’est expatriée sur 15 de ses 19 saisons de carrière, dont six aux Etats-Unis.
Par ailleurs, la Fédération française de basket (FFBB) a choisi d’autoriser les joueuses à évoluer en WNBA avant une grande compétition internationale. Un revirement total par rapport à la politique des deux dernières années, où les Françaises devaient être présentes dès le premier jour de rassemblement. Lors de l’Euro 2023, la non-sélection de Marine Johannès – faute de pouvoir quitter sa franchise américaine à temps – avait ainsi fait grand bruit. Cette année, la Fédération fera preuve de plus de souplesse, bien que la WNBA n’interrompe pas son championnat – dont la saison régulière dure de mi-mai à mi-septembre – pendant l’Euro (18 au 29 juin).
« On a pris en considération l’évolution de la WNBA. Aujourd’hui, nous sommes en négociation avec chacune des franchises où jouent des Françaises pour qu’elles les libèrent le plus tôt possible. »
Alain Contensoux, directeur technique national de la FFBB
à franceinfo: sport
L’objectif du DTN est que les joueuses arrivent suffisamment tôt pour que le sélectionneur Jean-Aimé Toupane puisse dresser un bilan de « l’état de forme et de santé » des Françaises et qu’il « évalue leur niveau d’intégration » dans le jeu par rapport à celles présentes depuis le début du rassemblement. « Il veut voir tout le monde pour choisir ses 12 joueuses » , rappelle Alain Contensoux, qui reconnaît que cette nouvelle politique complexifie « très nettement » le travail de son sélectionneur. Malgré cette flexibilité, Gabby Williams et Dominique Malonga ont annoncé, le 11 mai, renoncer à une sélection chez les Bleues pour l’Euro afin de se concentrer sur leur carrière respective en WNBA.
« Si on n’avait aucune joueuse en WNBA, cela signifierait qu’on ne fait pas partie des meilleures nations. Il vaut mieux avoir ce problème que l’inverse », sourit Edwige Lawson-Wade. La présence record des Bleues en WNBA est d’ailleurs « une fierté pour la Fédération. Cela montre la qualité du travail réalisé dans la détection, la formation, et de nos structures », confirme le DTN. Ce dernier espère désormais que « cela se traduise en résultats pour l’équipe de France ». Avec, fin juin, un sacre européen, le premier depuis 2009 ?