Alors que le MotoGP se prépare à une révolution
technique majeure en 2027, Aprilia ajuste ses priorités en
coulisses. Le constructeur italien, qui a récemment connu une
profonde réorganisation de son équipe MotoGP, anticipe déjà les
prochaines étapes, tant pour la catégorie reine que pour la future
Moto3. Au cœur de cette mutation, Fabiano Sterlacchini, nouveau
directeur technique de la marque, partage sa vision et ses
ambitions.
Après les départs d’Aleix Espargaró et de
Maverick Viñales, remplacés par le duo plus jeune
et affûté composé de
Marco Bezzecchi et Jorge
Martin, Aprilia a vécu un début de saison 2025 mouvementé.
Dès les premiers essais à Sepang,
Jorge Martin, nouveau champion du monde, a
lourdement chuté, bouleversant le programme. Mais la suite a montré
la résilience de Noale : Bezzecchi s’est
rapidement imposé comme un outsider solide en championnat –
actuellement quatrième – tandis que Martin a signé
un retour remarqué à Brno.
Cette capacité à rebondir, Sterlacchini
l’attribue au travail acharné de son équipe d’ingénieurs : «
nous avons réussi à faire évoluer la moto en continu. Le
développement avance bien », confie-t-il à
Speedweek. Mais l’Italien a déjà l’esprit tourné vers 2027, une
année charnière où les règles du MotoGP seront redessinées. La
cylindrée passera de 1000 à 850 cc, les dispositifs de réglage de
hauteur de suspension seront interdits et l’aérodynamique sera
drastiquement limitée. Autre bouleversement : l’arrivée de
Pirelli comme fournisseur unique de
pneumatiques.
« Le nouveau Moto3
serait un défi technique passionnant pour
Aprilia »
Pour Aprilia, cela signifie qu’un nouveau
prototype doit naître. Et ce travail est déjà en cours. « Le
moteur est complètement différent. Nous avons commencé à plancher
dessus. Les premiers tests sont prévus fin 2025,
et nous viserons un prototype complet d’ici le premier semestre
2026 », détaille Sterlacchini.
Mais ce n’est pas tout. À l’horizon 2028, la
plus petite des catégories Grand Prix, la Moto3, vivra, elle aussi,
sa révolution. Le format actuel disparaîtra, au profit d’un modèle
unique à deux cylindres de 500 cc, fourni par un seul
constructeur sélectionné. Honda, KTM et Yamaha ont déjà
montré leur intérêt. Et Aprilia ?
Sterlacchini reste prudent. Pour l’heure, «
95 % de son temps est consacré au MotoGP ». Mais il
n’exclut rien : « si l’entreprise décide d’y aller, je suis
prêt à apporter mon expérience. » Et l’idée semble le séduire
: « ce serait un défi technique passionnant. En Moto3,
on est confronté à des situations très différentes du MotoGP. La
dépendance aux conditions de piste est bien plus forte. Sur des
circuits comme Spielberg, les moteurs tournent à la limite. En
MotoGP, c’est 20 à 25 % du temps, en Moto3, on est à 80 %. C’est
trois fois plus. »
Pour Sterlacchini, ce serait une nouvelle
aventure, un terrain d’innovation stimulant – et peut-être un moyen
pour Aprilia de renforcer sa présence dans les
catégories inférieures. Car dans cette période de transition
réglementaire, chaque constructeur joue gros, autant sur la piste
que dans les décisions stratégiques à venir.