Ancien deuxième ligne de Toulon, Agen et Bayonne, Dewald Senekal entraîne depuis dix ans en France et ailleurs. Le Sud-Africain, qui a récemment remporté le championnat américain avec la franchise de Boston, s’est engagé pour trois ans avec Trévise qu’il espère hisser au plus haut niveau du rugby européen.

Il y a un an, lorsque Dewald Senekal avait quitté Oyonnax, l’ancien deuxième ligne avait prévu de s’octroyer une pause dans sa carrière d’entraîneur : “Je devais me faire opérer pour que l’on me pose une prothèse à un genou et j’avais promis à ma femme qu’on allait rester au Pays Basque”, raconte le Sud-Africain. Rien ne s’est déroulé comme prévu : après Bayonne, Grenoble, Paris, le Connacht et Oyonnax, donc, Dewald Senekal a mis le cap sur l’Italie à l’automne 2024.

“Un agent que je connais bien m’a sollicité en me disant que Trévise cherchait un consultant sur les zones de contact. Le challenge me tentait bien. J’ai passé l’entretien avec Marco Bortolami qui voulait à tout prix que je vienne. C’était pour trois, quatre mois…” Cette pige a été suivie par une autre, encore plus lointaine et aventureuse : une nouvelle porte ouverte a conduit l’ancien joueur du RCT, d’Agen et de l’Aviron à traverser l’Atlantique. Avec pour destination les England Free Jacks, franchise de la banlieue sud de Boston : “J’étais très curieux de voir à quoi ressemblait le rugby américain. Au Connacht, j’avais déjà vu quelque chose de différent. Là, c’était une autre expérience, encore. C’était chouette de s’immerger dans cet environnement, de voir comment le rugby américain se met en place…” Pour couronner le tout, il est revenu du Massachusetts avec un titre à son palmarès : le 28 juin, ses England Free Jacks se sont en effet adjugé la Major League Rugby. Sept ans après avoir gagné le barrage d’accession avec Grenoble, Dewald Senekal ajoutait une nouvelle ligne à son palmarès.

À un moment donné, je reviendrai en France

En une décennie passée sur les bancs de touche depuis 2015, le Sud-Africain a officié dans sept clubs et quatre pays. L’intéressé revendique pleinement cette étiquette de globe-trotter : “J’apprécie énormément Régis Sonnes qui m’a toujours inspiré par son ouverture d’esprit, son envie d’aller voir ce qui se fait ailleurs, de sortir de sa zone de confort : il a passé du temps en Espagne, en Irlande mais aussi dans de grands clubs français… J’ai toujours aimé être en découverte. Et puis le Top 14 ou le Pro D2 peuvent être rudes, usants à la longue. À certains moments, ça m’a fait du bien de respirer un autre oxygène.” À compter de cet été, sa carrière pourrait prendre un nouveau tournant, une nouvelle tournure : “Au cours de ma mission de consultant, les dirigeants de Trévise m’ont proposé un contrat de trois ans pour prendre en mains les avants. Je n’ai pas hésité un instant, d’autant plus que j’avais eu la chance d’avoir cette période d’essai qui m’avait permis de savoir si je m’y sentais bien. J’avais adoré mon passage et je crois fort dans le potentiel de cette équipe : vu son âge et sa composition, il y a tout pour monter en puissance sur les trois années à venir et batailler avec les meilleurs. Le projet est excitant.” A 44 ans, le Sud-Africain est déterminé à s’impliquer sur la durée en Vénétie, aux côtés des Cannone, Menoncello et autres Negri : “Quand j’étais jeune entraîneur, je chassais toujours le défi d’après. Avec l’âge, je suis plus dans l’optique de m’installer, de travailler sur la durée pour profiter du fruit de mon travail.”

S’il est engagé jusqu’en juin 2028 avec le Benetton, Dewald Senekal n’en garde pas moins un seuil sur la France. Où il a vécu ses plus belles années rugbystiques : “En 2009, quand je suis arrivé à Toulon, je n’avais rien et la France a été une bénédiction pour moi. J’y ai vécu de supers expériences, j’y ai rencontré ma femme, on a eu une petite fille… À un moment donné, je reviendrai en France.” Avec une petite préférence marquée pour l’extrême Sud Ouest : “Le Pays Basque est et restera mon coin préféré au monde. J’y ai gardé ma maison. Et je suis intimement persuadé que je reviendrai à Bayonne. Mon histoire là-bas n’est pas finie…”