Eka ashate – Ne flanche pas est le quatrième roman de l’auteure innue Naomi Fontaine. Un ouvrage sur l’histoire de la nation innue, mais aussi sur sa culture et sa force. Le lancement du livre vendredi au Musée Shaputuan était l’occasion de rendre hommage aux aînés de la communauté, dont certains d’entre eux ont aussi contribué au roman.
Un texte de Laurana Genest
Naomi Fontaine souligne que la nation innue a survécu à ce qui était peut-être insurmontable à la base. Pour elle, c’est ce qu’elle surnomme la grande résistance des Premières Nations.
Y’a rien qui pourra détruire ma culture maintenant.
Naomi Fontaine, auteure
C’est dans le quotidien, au sein des foyers et des familles, que la culture innue demeure tenace et forte, soutient l’auteure. Cette réalité, ainsi que l’histoire de la mère de Naomi Fontaine et celle de la communauté de Uashat mak Mani-utenam sont au cœur de ce roman.
Des copies du livre étaient disponibles en prévente vendredi au Musée Shaputuan. Photo : Radio-Canada/Élia Rousseau
Le roman, publié par la maison d’édition Mémoire d’Encrier, sera disponible en libraire à partir du 4 août. C’est un événement qui m’a profondément touché. Il y a eu trop d’émotions, note l’éditeur chez Mémoire d’Encrier, Rodney Saint-Éloi.
Une transmission intergénérationnelle
Transmettre aux générations futures, c’est l’une des vocations du livre, selon l’auteure. Mère de deux enfants, Naomi Fontaine souhaite que ceux-ci sachent que la grande force de la nation innue leur appartient et qu’elle se trouve à l’intérieur d’eux.
L’héritage des millénaires de portages, de travail incessant dans la forêt et de survie du peuple innu se retrouve à l’intérieur de chacun de membres de la nation, croit-elle.
Une dizaine d’aînés de la communauté innue ont été consultés pour l’écriture du livre, dont Raymond Jourdain. Photo : Radio-Canada/Simon Lavictoire
Naomi m’a demandé si je pouvais dire quelques mots par rapport au développement qu’on vit dans la communauté comme telle, explique Raymond Jourdain, l’un des aînés figurant dans les pages de Eka ashate – Ne flanche pas.
Je trouvais ça important qu’on parle de ces choses-là, affirme-t-il. Il conclut que c’est un peu elle en fin de compte qui transmet la culture [de la communauté].
Les aînés Antonio Fontaine, Sylvain Vollant, Raymond Jourdain, Charles Robertson, Dénis Michel et Marie-Marthe Fontaine (assis, de gauche à droite) et Bastien Michel, Lise Michel (debout au centre) ont tous raconté leurs histoires à Naomi Fontaine (debout à droite). Photo : Radio-Canada/Shushan Bacon La parole qui s’est libérée
Au-delà de tout le drame des pensionnats, puis du colonialisme qu’on a vécu, je crois qu’on a énormément reçu de nos grands-parents et de nos parents, affirme Naomi Fontaine, qui explique que Eka ashate – Ne flanche pas est pour rendre hommage et remercier ce qui lui a été transmis de ses aînés.
Ça nous a affecté certainement la colonisation, mais ça ne nous a pas définis. Il y a d’autres choses qui nous définissent, observe l’auteure. Pour elle, le livre est l’occasion d’explorer l’histoire de Uashat mak Mani-utenam, tout en rappelant ce qui a gardé la communauté innue soudée et vivante au fil des époques.
J’aimerais que le regard des autres soit porté sur toute la beauté et la grandeur de mon peuple et de ma culture.
Avec les informations d’Élia Rousseau