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Rachida Dati et Michel Barnier photographiés à l’Assemblée au mois d’octobre. (illustration)
POLITIQUE – Une tentative de plus de la convaincre de se retirer. Dans une interview à La Tribune dimanche publié samedi 2 août, l’ancien Premier ministre et candidat à la législative de la 2e circonscription de Paris Michel Barnier a assuré qu’il n’avait aucunement l’intention de briguer la mairie de la capitale en 2026 et de concurrencer Rachida Dati.
« Je ne suis pas candidat à autre chose qu’à la députation », martèle l’éphémère ancien Premier ministre. « Rachida Dati le sait. Je le lui ai dit et je l’ai même écrit aux adhérents Les Républicains (…) Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus », ajoute-t-il. Mais cette fois, il le dit à la presse directement, dans une nouvelle tentative de la convaincre de ses bonnes intentions.
Rachida Dati a « une ambition légitime » pour la mairie de Paris et ne doit « pas se tromper » d’élection en candidatant aussi pour la législative dans la deuxième circonscription de la capitale, a affirmé l’ancien locataire de Matignon, se disant prêt à soutenir la ministre dans sa course pour l’Hôtel de Ville.
Un engagement « complémentaire »
La ministre de la Culture a en effet annoncé ce lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l’ex-Premier ministre, qui brigue le même poste de député et porte les couleurs du même parti, LR.
« Je veux que les Parisiens puissent voter pour plutôt que contre quelqu’un. C’est à Rachida Dati, qui a une ambition légitime pour animer des listes d’union à Paris, de ne pas se tromper et de choisir le bon chemin », commente Michel Barnier, désigné par LR comme candidat à cette législative.
Rien de très neuf sous le soleil parisien : dès le 18 juillet, alors qu’il n’était même pas encore investi officiellement par LR, Michel Barnier assurait déjà n’avoir « aucune ambition municipale » à Paris en 2026 dans un courrier adressé aux militants LR parisiens.
Des proches de la maire du VIIe arrondissement, renvoyée le 22 juillet en procès pour corruption et trafic d’influence, craignent néanmoins que Michel Barnier ait lui aussi des ambitions pour la mairie de Paris, notamment si elle ne pouvait pas se présenter. « Mon engagement dans la 2e circonscription de Paris est, en réalité, complémentaire de l’ambition qu’a Rachida Dati de mener cette liste de rassemblement. Chacun doit bien le mesurer », assure l’ancien Premier ministre.
Pas de quoi convaincre Rachida Dati, dont l’entourage reproche également à l’ancien négociateur du Brexit pour l’UE d’être « parachuté ». « Cela fait plus de vingt-cinq ans que j’ai quitté, volontairement, mes fonctions en Savoie », « je suis Parisien depuis plus de vingt ans. J’habite depuis plus de douze ans dans cette circonscription », rétorque Michel Barnier dans La Tribune.
« Sans LR, elle ne peut pas gagner Paris »
Ces propos sont très similaires à ceux d’Annie Genevard, présidente de la commission nationale d’investiture des Républicains, dans une interview publiée ce vendredi au Figaro. « Nous avons deux mois devant nous pour faire l’union de la droite à Paris », a-t-elle déclaré, disant continuer à « croire » à un accord entre l’ex-Premier ministre et son ancienne ministre de la Culture.
« Michel Barnier a été très clair : il n’est pas et ne sera pas candidat à la mairie de Paris. Sans Rachida Dati, LR ne peut pas gagner Paris. Sans LR, elle ne peut pas gagner Paris. Cet intérêt bien compris peut-être un activateur de rassemblement », a ajouté celle qui est également ministre de l’Agriculture. Mais toutes ces déclarations ne semblent pour l’instant pas faire dévier Rachida Dati d’un iota.
Ces rivalités risquent d’entraîner une nouvelle guerre fratricide dont Les Républicains sont coutumiers. Pour tenter de l’éviter, LR espère trouver un accord avec Rachida Dati « d’ici la rentrée ». Par ailleurs, interrogé sur les ambitions que lui prêtent certains pour 2027, Michel Barnier redit qu’il sera « présent dans le débat public » pour la présidentielle et les législatives.
« Il ne nous suffira pas d’avoir un nouveau et un bon chef de l’État ; il lui faudra une majorité absolue, ouverte mais absolue, pour œuvrer. De ce point de vue, je serai évidemment concerné comme député, si je suis élu par les Parisiens dont je solliciterai le suffrage, et au minimum comme citoyen engagé », a-t-il assuré. Reste déjà à voir ce que donnera cette élection législative partielle extrêmement incertaine à Paris si Rachida Dati décide bien de se maintenir.