Et dès 1984, elle inaugure La Galerie du Jour à Paris au sein de laquelle de nombreux artistes de street art ont été exposés.

Ce qu’on montre ici est donc une partie de sa collection d’art urbain. Nous exposons 29 artistes, la plupart sont Français mais nous en avons quand même neuf Américains et un Japonais. Dominique Fury y est la seule femme exposée : il y avait très peu de femmes dans le street-art, dans les années 90, c’est un univers très masculin… », explique Karine Lacquemant, conservatrice en charge des collections et de la programmation arts appliqués de La Piscine.

Exposition de la collection d'art de Agnès b. à La Piscine de Roubaix, juin 2025.Explications de Karine Lacquemant, conservatrice en charge des collections et de la programmation arts appliqués de La Piscine, ici devant un aérosol noir sur un rideau métallique produit par L’Atlas en 2008. ©EDAMême trois portes d’une autre piscine mythique, celles de Molitor, y sont exposées !

Les œuvres à voir sont d’une grande diversité.

Exposition de la collection d'art de Agnès b. à La Piscine de Roubaix, juin 2025.Exposition de la collection d’art de Agnès b. à La Piscine de Roubaix. A l’avant-plan, œuvre de Bäst décédé en 2021. ©EDA

De nombreux noms sont ainsi écrits aux cimaises : l’Américain Futura 2000 « qui fut l’un des premiers à taguer », Jay One, Bast, Blek le rat, Shepard Fairey « dont on doit le fameux portrait de Barack Obama lors de sa campagne électorale de 2008 », KATRE, Mambo « qui fait penser à Dubuffet »…

Exposition de la collection d'art de Agnès b. à La Piscine de Roubaix, juin 2025.A l’avant-plan, cette acrylique de 1984 est un travail des frères Ripoulin, collectif d’artistes parisiens ayant marqué les esprits en plaçant leurs œuvres sur les panneaux publicitaires entre 1984 et 1988. ©EDA

« Ce qui me tient à cœur et que je ne cesse de répéter, c’est que le graffiti n’est pas une pollution. Au contraire, c’est un art riche. Quelque chose qui embellit la vie, qui embellit la ville. »

Elles sont de toutes les tailles, de tous les styles et de tous les supports, allant de la classique toile à un store métallique — L’Atlas dont la cote ne cesse de croître — en passant par trois anciennes portes de la mythique piscine Molitor !

L'une des trois portes d'une cabine de la piscine Molitor intégrées dans l'exposition, ici illustrée par Philippe Baudelocque.L’une des trois portes d’une cabine de la piscine Molitor intégrées dans l’exposition, ici illustrée au pastel à l’huile sur le bois par Philippe Baudelocque. ©EDA

Au cours de sa carrière, Agnès b. franchira un pas supplémentaire et gommera une frontière imaginaire en collaborant elle-même avec des artistes dans le cadre de ses propres créations.

Ce travail est aussi intégré dans l’exposition au travers d’un vaste podium central peuplé d’une vingtaine de silhouettes.

Exposition de la collection d'art de Agnès b. à La Piscine de Roubaix, juin 2025.Les collaborations pour les collections se dressent au centre du volume. A l’avant-plan, un ensemble de 2018 intitulé « Candy Crush », collaboration entre Agnès b. et JonOne. ©EDA

Le mur du fond présente aussi une trentaine de t-shirts qui y sont scotchés. « Elle demandera à des artistes de les illustrer dès 1994, permettant de démocratiser l’art… »

On soulignera enfin que la styliste, galeriste, mécène et photographe possède aussi de nombreux clichés signés par de grands noms. Ce médium fait partie du rendez-vous chez nos voisins. « Il y a un cliché de Dennis Hopper qu’on connaît plutôt comme cinéaste mais qui a aussi aimé prendre des photos. « 

Agnès b. en visite à la Piscine de Roubaix, le 26 juin 2025.Agnès b. face à deux de ses sculptures d’artiste. ©EDAIntellectualiser le street-art… or not !Exposition de la collection d'art de Agnès b. à La Piscine de Roubaix, juin 2025.Une œuvre riche en couleurs qu’on doit à l’artiste philippin Dexter Fernandez mélangeant souvent iconographie religieuse et imagerie pop. ©EDA

Le street-artiste américain JonOne ayant aujourd’hui ses ateliers à Paris et à Roubaix — et qui est représenté pour la Belgique par la galeriste tournaisienne Florence Rasson — a très tôt pu apprécier le mécénat d’Agnès b.

Agnès b. en visite à la Piscine de Roubaix, le 26 juin 2025.Agnès b. sur le podium lors du vernissage de l’exposition roubaisienne, entourée de la conservatrice de La Piscine et de JonOne. ©EDA

Dans l’expo en cours, on trouve une œuvre de 1993, avec un style beaucoup plus « empâté » des débuts.

« Une proximité telle qu’elle va charger JonOne de repérer pour elle, dans la rue, les nouveaux graffeurs qui émergeront, glisse Mme Lacquemant, évoquant un constat radicalement différent de part et d’autre de l’Atlantique à propos des street-artistes. « Comment passer du mur à la toile ? » est une interrogation assez importante. Les Américains qui viendront s’installer en France, comme JonOne, ne vont pas se poser la question : ça leur sera naturel de passer de l’un à l’autre. Pour les Français, ce sera plus compliqué : ils intellectualiseront la chose et ce seront les Américains qui leur faciliteront le passage. »

JonOne et Agnès b. à La Piscine de Roubaix, le 26 juin 2025.JonOne sait la carrière qu’il doit à Agnès b. sur le Vieux Continent. Il fut donc logiquement présent lors du vernissage roubaisien et le tandem a sympathiquement pris la pause pour L’Avenir! ©EDA

À voir jusqu’au 11 janvier 2026. 23, rue de l’Espérance, 59 100 Roubaix. Lien officiel de l’exposition.