Donald Trump se plaint que son industrie automobile s’exporte mal à l’étranger en dehors de Tesla. Mais le Président américain oublie aussi que ses constructeurs n’ont jamais su s’adapter aux attentes locales, préférant rester sur leurs acquis. A l’exception de Ford, qui possède une vraie entité européenne avec une usine en Allemagne.

L’un des grands arguments de Donald Trump pour augmenter les droits de douane sur les véhicules importés aux Etats-Unis, c’était que l’Europe et l’Asie n’achètent pas de voitures américaines. Pour lui, c’est une barrière à part entière qui doit être compensée : puisque les Européens ne veulent pas des constructeurs américains, les Américains barreront la route aux voitures européennes. Une politique qui produit déjà ses effets puisque le groupe Volkswagen avec Porsche, notamment, subissent la guerre politique et commerciale à laquelle se livrent américains et chinois.

Pour autant, les échecs cumulés des marques américaines chez nous ou en Asie (Buick avait plus ou moins bien marché en Chine avant de couler) s’expliquent très facilement par les chiffres. Les Américains ont des habitudes d’achats ou de consommation assez uniques, y compris en matière d’automobile. Et elles sont à l’opposé de ce qu’un Européen peut attendre : un véhicule en général compact ou moyennement dimensionné, sans trop de puissance et qui échappera à toute forte surtaxe à l’immatriculation. En l’occurrence, le genre de véhicule qui ne remplit pas les catalogues de Chrysler, Chevrolet, Dodge ou Ford USA même si ce dernier pourrait faire exception.

Trop de gros SUV américains

La stratégie de Donald Trump à taxer à tout va les automobiles entrant sur le sol américain est risquée : en 2024, 39 % des voitures neuves vendues aux Etats-Unis étaient importées. Augmenter leurs taxes de 25 % pourrait donc faire de sacrés dégâts.

Mais le déséquilibre entre les échanges européens et américains agace Donald Trump : 821 000 voitures produites en Europe ont été vendues outre-Atlantique l’an dernier. A l’inverse, à peine 188 000 véhicules produits aux Etats-Unis ont été vendus en Europe. C’est un ratio de 8 pour 1. Et une bonne partie de ces 188 000 voitures vendues chez nous sont en fait des voitures de marques… européennes. BMW, par exemple, produit des voitures aux USA qui sont ensuite immatriculées chez nous.

EuropeVentes 2024Etats-Unis Europe135 000 Ventes 2024SUV de plus de 5 mètres Etats-Unis1,94 million Europe5,49 millions Ventes 2024Ventes totales de SUV Etats-Unis9,1 millions Europe2,4 % Ventes 2024% de gros modèles chez les SUV Etats-Unis21 % Europe1,3 % Ventes 2024% des gros SUV dans le marché total Etats-Unis12 %

Alors où sont les marques américaines ? Jeep et Ford s’en sortent honorablement chez nous mais la vraie voiture américaine ne rencontre pas le succès. Le tableau qui suit résume formidablement la distorsion d’achats des Américains et Européens. Et tant que les premiers n’auront pas compris que les seconds n’achètent pas (ou plus) de modèles trop gros, majoritairement essence et gourmands, ils pourront peut-être retenter leur chance, même si l’Européen reste très attaché à l’image de marque et à ses habitudes. Seule exception à cela : Tesla avec son Model Y qui a percé chez nous, et Toyota qui atteint environ 7 % de parts de marché en Europe. Mais là encore, avec des produits très adaptés au marché.

Audric Doche

Journaliste automobile (et un peu bicyclette aussi). Autant passionné par la nouveauté que l’industrie ou l’environnement, mais aussi tout ce qui fera avancer la mobilité.

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Mis à jour le 03/08/2025 à 09:41