Elle ne sera pas sur les bancs de l’Institut d’études politiques (IEP) de Lille à la rentrée. La justice française a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 31 juillet 2025, avoir ouvert une enquête pour « apologie du terrorisme et apologie de crime contre l’humanité » à l’encontre d’une étudiante gazaouie. Cette dernière est suspectée d’avoir partagé des publications antisémites postées sur ses réseaux sociaux.

La veille, Sciences Po Lille avait annoncé annuler son inscription dans l’établissement. Ces publications « entrent en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille », indiquait l’établissement. Par conséquent, « après concertation avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le Rectorat de Région académique et la Préfecture, la direction de Sciences Po Lille a pris la décision d’annuler l’inscription prévue de cette étudiante. »

L’étudiante « a vocation à quitter le territoire national »

Les captures d’écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu’un compte – attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis – a notamment repartagé des messages appelant à tuer des juifs. Des faits que Sciences Po Lille affirme n’avoir découverts qu’après la diffusion d’un reportage sur RMC, le 28 juillet. « La direction de l’école a pris connaissance dans le cadre de ce reportage de publications effectuées par cette étudiante sur les réseaux sociaux, au cours des deux années écoulées », explique l’établissement sur X.

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« Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l’humanité avec utilisation d’un service de communication au public en ligne », a détaillé la procureure de la République de Lille, Carole Étienne, à l’AFP.

L’étudiante « a vocation à quitter le territoire national », a annoncé à l’agence de presse une source diplomatique française. La destination vers laquelle pourrait être renvoyée l’étudiante n’a pas été précisée. Au micro de RMC, le ministre des Affaires étrangère Jean-Noël Barrot a confirmé qu’« il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d’être renvoyée dans son pays, bien évidemment ».

Lauréate d’une bourse destinée aux étudiants gazaouis

L’étudiante palestinienne de 25 ans fait partie des 292 Gazaouis ayant bénéficié d’un droit d’exil vers la France depuis mars dernier, rapporte le quai d’Orsay. La jeune femme avait été acceptée à Sciences Po Lille grâce à l’obtention d’une bourse sociale délivrée par le consulat français de Jérusalem, lui-même sous la supervision directe du cabinet du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Cette bourse s’inscrit dans le cadre d’un programme créé il y a un an et destiné aux étudiants gazaouis.

Arrivée le 11 juillet sur le sol français, la jeune femme était logée au sein de l’appartement personnel du directeur de Sciences Po Lille, Étienne Peyrat, « dans l’attente du logement universitaire qui lui était réservé », fait savoir l’établissement.

Les bénéficiaires de cette bourse « sont sélectionnés sur des critères d’excellence académique et font l’objet de vérifications de sécurité par les services compétents avant leur arrivée en France », indique une source diplomatique. « Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et le ministre de l’Intérieur ont demandé le lancement d’une enquête interne, afin que cette situation ne se reproduise plus », a-t-elle dit.

« Pourquoi on est passé à travers ? Il y a quand même une question, il faut y répondre », a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre français de l’Intérieur. « Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n’y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s’en est rendu compte », a-t-il ajouté, précisant que « les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères ».

La jeune femme « n’a rien à faire en France », estime Jean-Noël Barrot

L’incident a fait largement réagir dans la classe politique française, jusqu’au gouvernement. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a appuyé la décision de l’école sur X : « La France n’a pas à accueillir des étudiants internationaux qui font l’apologie du terrorisme, de crimes contre l’humanité et de l’antisémitisme. Qu’ils viennent de Gaza ou d’ailleurs. »

Même son de cloche du côté du ministère des Affaires étrangères : « Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n’a rien à faire en France », a réagi sur X Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir « demandé à ce qu’une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire ».

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a quant à lui dénoncé sur le même réseau social « des propos inacceptables et inquiétants » avant de souligner avoir « demandé de faire fermer ce compte haineux ». De son côté, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne a rappelé : « Notre engagement est total contre l’antisémitisme sous toutes ses formes. ».