Ce compromis a été présenté comme une tentative d’apaisement dans les relations commerciales transatlantiques après les attaques de Donald Trump. Il pourrait toutefois engendrer des effets économiques non négligeables… surtout côté américain. Selon Ruben Nizard, économiste chez Coface, les consommateurs des États-Unis seront probablement les premiers touchés. « Plusieurs études suggèrent que l’essentiel de ces hausses de droits de douane serait supporté par les Américains », observe-t-il au Figaro. Les États-Unis sont dépendants de certains produits européens qui ne sont pas fabriqués localement.
Une taxe à la consommation qui ne dit pas son nom
Prenons l’exemple du vin français, particulièrement prisé outre-Atlantique. En fonction des décisions prises par les producteurs, les hausses de droits de douane pourraient se répercuter directement sur les prix à la consommation. Si les producteurs refusent de rogner sur leurs marges, ce sont les distributeurs – puis les clients finaux – qui absorberont le coût. « Ce sera problématique pour les consommateurs plus sensibles aux prix », avertit l’économiste.
Même diagnostic pour Sébastien Jean, de l’Institut français des relations internationales : « Ces droits de douane additionnels sont un impôt supplémentaire sur la consommation intérieure américaine. » Selon lui, l’accord pourrait aussi alimenter une inflation persistante et freiner la croissance, en entretenant une incertitude peu favorable à l’investissement.
Si les ménages européens devraient être relativement épargnés dans l’immédiat, les effets indirects de cet accord pourraient affaiblir certaines industries exportatrices du continent. Aéronautique, automobile, agriculture, chimie ou pharmacie : autant de secteurs déjà fragilisés, qui risquent d’accuser le coup face à cette nouvelle taxe d’entrée sur le marché américain.
L’export est absolument vital pour toutes ces filières. Or, des exportations 15 % plus chères pour vendre aux États-Unis pourrait provoquer une baisse des ventes, forcer des restructurations, voire entraîner des suppressions d’emplois. Certains voient même une forme de recul stratégique de la part de l’UE, une perte d’influence et de marge de manœuvre pour l’industrie européenne.
L’impact sur la croissance, déjà très fragile en France comme en Europe, est également surveillé de près. Une augmentation des droits de douane de 10 points aurait déjà pu amputer de 0,2 à 0,3 point la croissance française dans les 18 mois, selon certaines études. Avec ce nouvel accord à 15 %, la tendance pourrait s’aggraver, dans un contexte où les prévisions pour 2025 sont déjà faiblardes : 0,6 % selon l’Insee, contre 1,1 % pour 2024.
Côté consommation, les effets directs devraient rester limités en Europe. Les achats de biens américains par les ménages français et européens restent marginaux, ce qui devrait contenir l’impact sur les prix.
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