À Villeurbanne, le quartier des Gratte-ciel s’élève en véritable symbole d’audace architecturale et d’histoire sociale. Véritable laboratoire urbain des années 30, ce quartier étonnant dévoile, au fil de ses hautes tours et de ses avenues animées, un pan méconnu de la modernité française.

Villeurbanne. Pour beaucoup, le nom évoque aujourd’hui une banlieue dynamique de Lyon, mais qui imagine qu’elle fut, il y a un siècle à peine, le théâtre d’un bouleversement urbain ? Dans les années 1920, la ville, autrefois rurale, accueille une population ouvrière en forte augmentation. Sous l’impulsion de Lazare Goujon, maire visionnaire, l’idée d’un nouveau centre-ville émerge : il sera vertical et moderne, à l’image des grandes métropoles américaines.

Les tours iconiques des Gratte-ciel Les tours iconiques des Gratte-ciel © France Télévisions Un projet architectural d’avant-garde entre 1927 et 1934

Charlotte Saint-Jean, responsable de la valorisation du patrimoine au Rize, retrace la genèse de ce quartier emblématique. Entre 1927 et 1933, deux architectes relèvent en un temps record le défi de bâtir en seulement quatre ans plus de 1 300 logements, un hôtel de ville, le Palais du Travail, des commerces et une avenue centrale, Henri-Barbusse. Une prouesse rendue possible par l’utilisation de poutrelles métalliques, offrant à Villeurbanne un visage moderne et fonctionnel, où chaque bâtiment est pensé pour le bien-être de ses habitants.

Les gratte-ciel de Villeurbanne : une architecture visionnaire

Vivre dans les Gratte-ciel : un confort inédit dans les années 30

Si l’architecture extérieure séduit par ses lignes verticales et ses références à l’Art déco, l’intérieur surprend par un niveau de confort alors inédit : eau courante, chauffage central, électricité, cuisine au gaz ou à l’électricité. Les logements sont conçus pour offrir un maximum de modernité à la population ouvrière, dans une organisation pensée pour faciliter la vie collective grâce aux équipements publics, lieux de réunion et de loisirs.

L’appartement-témoin des années 30 dévoile le confort et l’art déco d’époque L’appartement-témoin des années 30 dévoile le confort et l’art déco d’époque © France Télévisions

Véritable centre névralgique, le Palais du Travail concentre presque tout : piscine, dispensaires, théâtre, salles de réunion, brasserie. Un condensé de services pour le corps, l’esprit et la vie sociale. Aux abords, commerces et logements dynamisent l’avenue centrale, offrant à Villeurbanne un vrai cœur urbain.

Vue du 14ème étage Vue du 14ème étage © France Télévisions Un patrimoine vivant, toujours en mouvement

Aujourd’hui, le quartier des Gratte-ciel reste habité et vivant, fort de ses quelque 1 300 logements sociaux gérés par la Société Villeurbannaise d’Urbanisme. Depuis 1993, il est protégé pour sa valeur patrimoniale exceptionnelle, et le centre-ville poursuit son extension dans l’esprit du projet initial. Depuis le sommet du 14e étage de ses tours jumelles, c’est tout le panorama urbain qui s’offre aux visiteurs.

Une plongée dans l’histoire et la modernité

Pour s’immerger dans l’ambiance des années 30, rendez-vous dans l’appartement-témoin de la gardienne, où l’on découvre la modernité et le confort d’époque, entre vitraux art déco et solutions d’avant-garde. Jusqu’au 30 septembre 2025, une exposition remontre toute l’épopée des Gratte-ciel au Rize. Une invitation à redécouvrir une page audacieuse de l’histoire urbaine française.

Reportage Focus Odile Morain/Luc Jambrin de France 3 Toutes Régions