Par
Lisa Rodrigues
Publié le
4 août 2025 à 11h51
Le dossier de l’affaire dite Dati-Ghosn s’épaissit, ou du moins, continue de faire parler, et ce, jusqu’en Isère. Selon une information révélée par le journal Le Monde, un ancien élu écologiste grenoblois et militant anticorruption, Raymond Avrillier, a émis un signalement auprès du parquet de Paris le 28 juillet contre Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture.
Des propos polémiques contre des magistrats
Ce signalement fait suite aux propos de Rachida Dati sur le plateau de LCI quelques jours plus tôt, concernant des « magistrats qui refusent de faire leur travail conformément (…) au code de procédure ».
La ministre réagissait à son renvoi devant le tribunal correctionnel pour « corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale (en l’espèce le Parlement européen) » et « recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance ».
Nouveau signalement après l’affaire des bijoux
Pour Raymond Avrillier, certains des propos tenus par la ministre s’apparentent à des « attaques » contre les magistrats en charge du dossier, « susceptibles de tendre à exercer des pressions en vue d’influencer les déclarations de témoins ou la décisions des juridictions d’instruction ou de jugement », comme indiqué dans le signalement que Le Monde s’est procuré.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le maire adjoint honoraire de Grenoble s’attaque à la ministre. En juin dernier, comme indiqué par Libération, Raymond Avrillier a soumis un signalement au parquet de Paris concernant des bijoux de luxe offerts à Rachida Dati par Henri Proglio, l’ex-patron de Veolia et d’EDF, entre 2017 et 2023 alors qu’ils entretenaient une liaison. Cadeau représentant un montant de 420 000 euros qui n’a pas été mentionné par la ministre lors de ses déclarations à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Sur cette affaire des bijoux – pour laquelle le sénateur socialiste de Paris Rémi Féraud a aussi envoyé un signalement à la justice -, des proches de la ministre auraient assuré qu’elle s’en est séparé avant sa nomination au gouvernement.
Raymond Avrillier derrière la révélation de plusieurs scandales politiques
L’article 40 du code de procédure pénale précise que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur ».
Raymond Avrillier a fait appel à cet article pour dénoncer divers scandales, notamment les affaires de corruption de l’ancien maire LR de Grenoble, Alain Carignon, dans les années 1990, ou plus récemment dans l’affaire des sondages de l’Élysée sous l’ère Nicolas Sarkozy.
Pas de jugement avant 2026
Concernant le renvoi de Rachida Dati dans le dossier Ghosn, la ministre a plusieurs fois assuré qu’elle ne démissionnerait pas de son poste.
Dans cette affaire, elle est soupçonnée d’avoir perçu 900 000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil pour le compte de RNBV, filiale de l’alliance Renault-Nissan, mais sans avoir réellement travaillé, alors qu’elle était avocate et députée européenne (2009-2019). Des accusations que la principale intéressée conteste.
Dans cette même affaire, l’ancien PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a également été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « abus de pouvoirs par dirigeant de société », « abus de confiance » et « corruption et trafic d’influence actifs ».
Une première audience est prévue le 29 septembre pour fixer la date du procès, qui d’après des sources de l’AFP pourrait se tenir après les municipales de mars 2026 où Rachida Dati vise la mairie de Paris.
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