Meta continue sa charge contre l’Union européenne et sa réglementation. « L’Union européenne (UE) affirme vouloir être compétitive à l’échelle mondiale, mais une réglementation trop complexe et lourde empêche l’innovation technologique qui stimule la croissance des concurrents mondiaux », fustige l’entreprise.
L’Europe serait en retard sur les « messageries d’entreprise »
Pour Meta, l’Europe serait particulièrement en retard sur les messageries d’entreprise. La société américaine ne parle pas de solutions comme Slack, Teams ou Mattermost, mais de celles faisant le lien entre les entreprises et leurs clients.
Sont ainsi mises en avant les plateformes WhatsApp, Messenger et Instagram Direct. Selon Meta, Il y aurait chaque jour 600 millions de conversations entre les particuliers et les sociétés sur les trois plateformes. 80 % des personnes dans le monde enverraient même au moins un message par semaine aux entreprises concernées.
Meta évoque un boum dans ce type de communication, notamment au Brésil, en Inde et en Indonésie. Mais l’Europe passerait complètement à côté de ces opportunités. Selon l’entreprise, il y a en Union européenne des limitations inhérentes aux produits en activité dans l’espace économique à cause des réglementations. À cause de ce cadre, « la disponibilité et l’adoption de la messagerie commerciale dans l’UE sont nettement inférieures à la concurrence mondiale », indique Meta.
Charge directe contre la protection des données
« Lorsque des entreprises en dehors de l’UE souhaitent partager de nouveaux produits ou fonctionnalités avec des clients, ou entrer en contact avec des acheteurs potentiels, elles disposent d’outils qui les aident à comprendre qui est intéressé par leur produit ou service et à discuter rapidement avec eux », indique Meta.
Et dans l’Union européenne ? Les entreprises n’auraient « pas ce luxe ». Meta s’en prend directement à la protection des données en Europe : la directive ePrivacy est accusée de nuire aux entreprises, car elles ne peuvent pas avoir accès aux mêmes données ou informations sur les clients que dans le reste du monde.
La communication de Meta se fait même brutale : « Les technologies numériques qui pourraient être transformatrices sont encore à peine plus avancées que les bulletins d’information papier et les communications par courrier électronique ».
Deux facteurs sont cruciaux selon Meta : une surrèglementation et des interprétations parfois extrêmes, en plus de varier selon les pays membres de l’Union. Ces interprétations porteraient « sur des capacités cruciales telles que la segmentation, les informations sur l’audience et les taux de clics ». Les entreprises européennes seraient ainsi coincées dans le passé, selon la firme américaine. Sans surprise, cette situation serait étendue à l’IA, qui accuserait « un retard de plusieurs mois par rapport à d’autres pays, ce qui a un impact sur le monde réel ».
Militantisme paroissial
Meta aligne ses arguments pour faire avancer ses lignes de produits. Sa communication se fait plus agressive, la société insistant sur le danger pour l’Europe de se retrouver dans un âge de pierre numérique.
L’entreprise a été condamnée à plusieurs reprises en Europe pour ses manquements aux réglementations en vigueur. La dernière, de 200 millions d’euros, concerne les fameux abonnements mis en place par Meta pour supprimer la publicité. Une solution que n’a pas appréciée la Commission européenne, puisqu’elle ne répondait pas à la critique initiale. Ces abonnements ne respectent en effet pas le RGPD selon l’instance, les internautes n’ayant pas le choix sur le traitement des données : ils doivent l’accepter ou payer un abonnement pour ne plus afficher les publicités, sans savoir si cette formule payante arrête le traitement des données personnelles.
Meta a donc une revanche à prendre sur un espace économique contraignant pour ses desseins, notamment l’intelligence artificielle. On se rappelle que la société a voulu déclencher l’aspiration des données personnelles des comptes européens pour l’entrainement de ses modèles. Elle y a ensuite renoncé, pour finalement relancer l’opération. Nous avons d’ailleurs publié un guide pour désactiver ces traitements.
La firme traite les règlementations comme ePrivacy et le RGPD comme des barrières empêchant les entreprises européennes de s’évanouir. Mais leurs bénéfices sur la vie privée sont passés sous silence. La communication de Meta est d’autant plus visible qu’à l’exception d’Apple, qui peste régulièrement contre le DMA, les concurrents ont une approche plus discrète.
On a pu ainsi voir récemment que Meta se retrouvait isolée sur le terrain de l’IA face à la charte européenne des bonnes pratiques européenne. Peu contraignante, elle n’a pas trouvé grâce à ses yeux. Depuis deux semaines, les annonces se sont cependant enchainées chez Google, Anthropic, Mistral, OpenAI ou encore Microsoft pour annoncer la signature de cette charte.