La semaine dernière, Donald Trump a déclenché une tempête en renvoyant la responsable des statistiques officielles sur l’emploi, quelques heures après la publication de données montrant une nette dégradation du marché du travail. Le président américain a accusé les chiffres d’être « bidonnés » et a promis de nommer un successeur « exceptionnel » dans les jours à venir.
Erika McEntarfer, économiste chevronnée à la tête du service « statistiques » du ministère du Travail depuis début 2024, a été démise de ses fonctions vendredi dernier sur ordre direct de la Maison-Blanche. Cette décision, inédite à ce niveau de responsabilité, suscite de vives inquiétudes quant à l’indépendance et la fiabilité future des indicateurs économiques américains.
Des données « bidonnées à des fins politiques »
« Je choisirai un remplaçant exceptionnel », a écrit Donald Trump lundi sur son réseau Truth Social, en réitérant ses accusations. Selon lui, les données officielles ont été « bidonnées à des fins politiques » pour « minimiser la réussite » de son début de mandat. Dimanche, interrogé à la télévision, le président a ajouté : « Nous n’avions pas confiance. Les chiffres qu’elle a annoncés étaient ridicules. »
Le rapport publié vendredi par le ministère du Travail a en effet surpris les observateurs. Il fait état d’un net ralentissement de la création d’emplois : les chiffres de mai et juin ont été sévèrement révisés à la baisse, à seulement 19.000 et 14.000 nouveaux postes respectivement. Une révision d’autant plus sensible que Donald Trump revendique la vigueur du marché de l’emploi comme l’un des piliers de sa politique économique.
Les données sont-elles fiables ?
Le renvoi d’Erika McEntarfer est intervenu dans une période de tensions entre l’exécutif et les institutions économiques indépendantes. Son successeur devra être proposé par le président et confirmé par le Sénat, désormais à majorité républicaine. « Nous allons annoncer un nouveau statisticien dans environ trois, quatre jours », a indiqué le chef de l’Etat dimanche, sans dévoiler de nom.
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Interrogé sur CNBC, le conseiller économique principal de la Maison-Blanche, Kevin Hassett, n’a pas soutenu les accusations de manipulation, mais a semé le doute. « Les données sont devenues très peu fiables. » Il a pointé du doigt une méthodologie jugée « pas transparente » et a évoqué la possibilité d’influences politiques. Il a cependant reconnu que les chiffres révisés, basés sur des informations plus complètes, étaient en principe plus robustes. « Si les données ne sont pas manipulées, cela signifie que le marché du travail va moins bien que prévu », a-t-il affirmé. Attention, certains collaborateurs de Donald Trump ont été limogés pour moins que cela.