Par

Nina Hossein-Zadeh

Publié le

4 août 2025 à 13h22

Elles butinent, passent de fleurs en fleurs et rapportent dans leur ruche le pollen qui servira à concevoir un miel savoureux. Mickaël Bigarré, éducateur spécialisé de formation, est devenu apiculteur sur son temps libre en 2017 à L’Union, près de Toulouse, en ouvrant La Miellerie des Sables. Ses abeilles, il leur rend visite plusieurs fois par semaine et au fil des années, il a constaté une recrudescence des frelons asiatiques. « J’avais dix frelons asiatiques devant chaque ruche et les abeilles ne sortaient plus. » Pour garantir le travail de ses petites ouvrières et leur sécurité, il a investi dans un système bien rodé.

Des abeilles qui vivent en sécurité

La période est propice aux frelons asiatiques. Du mois d’août, jusqu’aux premières gelées de novembre, les prédateurs sont de sortie. Autour des ruches, ils tournent en rond, jusqu’à attraper une abeille. D’ordinaire, lorsque les frelons attendent et attaquent leur proie, les abeilles n’osent plus sortir de leurs ruches.

« Vous voyez, les abeilles vivent ici, elles continuent à sortir et revenir avec du pollen », s’enthousiasme Mickaël Bigarré. En effet, ses abeilles ne semblent pas frileuses et continuent de travailler activement. Il faut dire qu’autour de leurs ruches sont positionnées plusieurs harpes à frelon, un dispositif électrique qui sauve le rucher de l’apiculteur.

Une mauvaise vue et c’est l’électrocution

« Je regroupe les ruches par paquet de deux ou trois et je positionne la harpe : ça leur offre un couloir d’envol », explique Mickaël en installant son système. Sur des tasseaux en bois, plusieurs fils électriques, parfaitement tendus et espacés de 2,5 cm, laisse les abeilles passer… Pas les prédateurs !

« Le frelon lui, il va tourner autour de la ruche et finir par se faire attraper par les fils », espacés à la taille de l’insecte. « Le frelon asiatique n’a pas une bonne vue », explique l’apiculteur, « il ne voit pas les fils, donc forcément, il se les prend. » Une fois électrocuté, l’insecte tombe dans une bassine d’eau et de liquide vaisselle. « Ça évite qu’il puisse repartir. »

Dans cette bassine d'eau et de liquide vaisselle placée sous les harpes, plusieurs frelons morts stagnes.
Dans cette bassine d’eau et de liquide vaisselle placée sous les harpes, plusieurs frelons morts stagnent. (©Nina Hossein-Zadeh / Actu Toulouse)

C’est en cherchant sur internet, sur des forums, que Mickaël Bigarré finit par entendre parler de ces harpes à frelon. « J’en avais acheté une à l’époque, mais c’était très onéreux. » Bricoleur, il décide d’utiliser les plans du système, rendus publics, pour le fabriquer lui-même.

Un panneau solaire et son générateur achetés pour 20 euros, des tasseaux de bois et du matériel de récupération et le tour est joué. « Ça me revient à 30 euros la harpe à frelon. »

Mcikaël Bigarré installe les harpes à frelon autour de son rucher à L'Union près de Toulouse.
Mcikaël Bigarré installe les harpes à frelon autour de son rucher à L’Union près de Toulouse. (©Nina Hossein-Zadeh / Actu Toulouse)« La meilleure réponse au problème », dit Mickaël Bigarré

Ce dispositif, dit-il, mérite de se faire connaître auprès des amateurs. « Pour les professionnels, ce n’est pas possible à utiliser vu la quantité de ruches. Mais lorsqu’on est passionné et amateur, c’est selon moi la meilleure réponse au problème. »

Avant de tester ces harpes à frelon, Mickaël Bigarré avait utilisé des portes anti-frelons, ou encore des muselières « pour empêcher les frelons de passer » dans les ruches. « Mais je n’ai pas trouvé ça efficace », conclut-il.

Sans ses harpes à frelon, « c’est une abeille toutes les deux secondes qui est prélevée ». Aujourd’hui, il a quelques pertes, mais son rucher continue de vivre et ne meurt pas en hiver. « Je pense que si je ne mettais rien, je perdrais quasiment toutes les ruches. Le frelon asiatique, si on ne s’en protège pas, il décime tout. »

Les ruches de la Miellerie des sables à L'Union près de Toulouse.
Les ruches de La Miellerie des Sables à L’Union près de Toulouse. (©Nina Hossein-Zadeh / Actu Toulouse)Un passionné qui espère éduquer

« Piqué » par ce métier d’apiculteur, il en fait surtout une passion. Après la récolte, il vend son miel au 47 rue des Sables à L’Union. Un moyen de « continuer de faire vivre le rucher ».

Lorsqu’il ne dorlote pas ses abeilles, Mickaël Bigarré fait des interventions en école pour faire de la pédagogie autour de l’insecte pollinisateur.

Mickaël Bigarré est un apiculteur passionné, qui s'occupe de ses abeilles sur son temps libre.
Mickaël Bigarré est un apiculteur passionné, qui s’occupe de ses abeilles sur son temps libre. (©Nina Hossein-Zadeh / Actu Toulouse)

Aujourd’hui, il espère populariser le dispositif des harpes à frelon auprès des apiculteurs pour « protéger les ruches ».

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