En 2022, l’Union européenne produisait 38 % de ses ressources (production et importations) en soja bio, contre 30 % en 2017 et un pic de 44 % en 2021. C’est ce que nous apprend une étude sur le marché du soja bio (1) menée par Ecozept et AND International à la demande de Terres Univia, Intercéréales et l’Agence bio. Elle prend en compte les importations de tourteaux de soja bio ramenés en équivalent graines.

Et sans les tourteaux, « le taux d’autoapprovisionnement de l’Union européenne [production/consommation] a oscillé autour de 60 % entre 2017 et 2022. Elle reste donc fortement dépendante de ses importations », a résumé le 24 juin 2025 Claire Ortega, chargée de mission à Terres Univia, qui présentait les principaux enseignements de l’enquête. La proportion est similaire pour la France.

Hausse de la production

Cette stabilité du taux d’autoapprovisionnement masque une très forte progression de la production et de la consommation. Grâce aux surfaces multipliées par 2,5 entre 2017 et 2022 (155 000 ha en 2022), la production a quasiment doublé sur la période, pour atteindre 280 000 tonnes en 2022. « Sachant que cette année-là, les rendements ont été très pénalisés par la sécheresse », a précisé Claire Ortega. Surfaces et production se concentrent principalement dans cinq pays, au premier rang desquels se trouve la France (74 000 tonnes), suivie par l’Autriche, la Roumanie, l’Allemagne et l’Italie.

« La consommation de graines quant à elle, a également doublé pour atteindre 470 000 tonnes en 2022, après avoir été multipliée par plus de deux par rapport à 2017. Cette hausse est notamment tirée par l’alimentation animale, dont les débouchés ont doublé, et par l’alimentation humaine qui a progressé de 62 % », a chiffré la spécialiste.

À noter que l’alimentation animale reste le débouché majoritaire du soja bio, représentant près de 75 % de la consommation totale. La trituration, qui a plus que doublé sur la même période, se concentre dans huit pays dont l’Allemagne en tête, la France et l’Italie. En France, la production de tourteaux de soja bio a progressé avec l’arrivée de nouvelles capacités de trituration. Les auteurs de l’étude y anticipent une stagnation des utilisations en alimentation animale comme humaine, avant une légère progression sur 2027 « pour suivre la reprise des parts de marché perdues ».

Hausse des importations

La production ne permettant pas de couvrir l’ensemble des besoins, les importations ont-elles aussi fortement augmenté, passant de 105 000 à 192 000 tonnes entre 2018 et 2022. Il s’agit d’une hausse de près de 83 %, « notamment en Autriche, en Allemagne et en France, et principalement en provenance d’Ukraine et d’Afrique de l’Ouest », a observé Claire Ortega.

Quant aux tourteaux, « les imports en provenance de pays tiers ont oscillé entre 210 000 et 290 000 tonnes entre 2018 et 2022, a poursuivi l’experte. En 2022, les Pays-Bas comptent pour près de 60 % des importations de tourteaux de soja bio dans l’Union européenne, suivis par la France (11 %) et le Danemark (9 %). Elles proviennent en majorité de Chine et d’Inde ».

Raphaëlle Borget

(1) L’étude a porté sur l’Union européenne (hors Chypre et Malte) et 15 pays tiers jouant un rôle majeur sur le marché du soja bio mondial (Bénin, Burkina Faso, Canada, Chine, États-Unis, Ghana, Inde, Ouganda, Royaume-Uni, Russie, Serbie, Suisse, Togo, Turquie, Ukraine).