« J’ai un stérilet au cuivre qui me fait terriblement souffrir depuis deux ans. Je me suis dit que je voulais partager cette charge », témoigne Nolwen, 24 ans. En cette matinée du 2 août, elle est venue avec Mathieu, son compagnon, pour parler de contraception dite masculine au Planning familial de Bayonne (1). « C’est souvent comme ça que les gens viennent, quand la femme se retrouve dans une impasse contraceptive », explique Nicolas, bénévole. Depuis décembre 2023, avec d’autres, il tient une permanence le matin de chaque premier samedi du mois, pour échanger sur un sujet encore trop méconnu.
Café et croissants en main, Nicolas et Ségolène, les deux bénévoles du jour, détaillent les différentes méthodes existantes au couple. Si la méthode hormonale – une injection d’énanthate de testostérone hebdomadaire – et la vasectomie – la ligature des canaux déférents – pour le procédé chirurgical sont abordées, c’est davantage la méthode thermique qui intéresse Nolwen et Mathieu. Ce que le « jockstrap », le « remonte-couilles toulousain » et « l’anneau en silicone » ont en commun ? Faire remonter les testicules dans le canal inguinal pendant 15 heures chaque jour, entraînant une augmentation de leur température, ce qui altère la spermatogenèse (la production de spermatozoïdes). L’homme peut ainsi atteindre une infertilité temporaire si des spermogrammes réguliers attestent de moins d’un million de spermatozoïdes par ml de sperme. La méthode est néanmoins déconseillée avant l’âge de 21 ans, « car les testicules sont toujours en formation », précise Nicolas.
Le Planning familial de Bayonne tient une permanence le matin de chaque premier samedi du mois, pour échanger sur la contraception dite masculine.
Chloé Dasquet
Des témoignages « qui font du bien »
« Il n’y a pas d’encouragements de la part des médecins », se désole Mathieu, 31 ans, qui n’a pas trouvé de réponse satisfaisante de la part du milieu médical. « Je suis allé voir ma médecin généraliste pour lui en parler, mais elle n’était pas du tout informée donc elle m’a renvoyée vers un urologue. Lui, je l’ai eu au téléphone, et il a seulement abordé les vasectomies. J’ai ensuite appelé l’agence régionale de santé, qui m’a parlé des préservatifs ou de la vasectomie pour la contraception masculine. C’étaient des échanges assez brefs, se souvient-il. Face aux médecins, on a l’impression d’être dans une autre époque, alors qu’on est en 2025. »
« Ce n’est pas connu, l’État ne s’en empare pas du tout. Ça reste encore un acte militant et engagé », témoigne Nicolas, qui utilise l’anneau contraceptif depuis trois ans. « J’en ai entendu parler lors d’une intervention en amphi dans mon école d’ingé. Trois ans après, je m’y mettais. » Ségolène, l’autre bénévole présente, livre également son expérience. Elle utilise l’anneau depuis trois mois dans son couple : « C’est vraiment basé sur la communication, explique-t-elle. Je suis mon cycle, et je laisse l’opportunité à mon partenaire de s’en occuper. Ça me libère progressivement, et ça fait un truc en plus entre nous. »
« D’avoir vos témoignages, ça fait du bien », sourit Nolwen, qui s’inquiète de sa « charge mentale ». « Est-ce que ce sera pire pour moi ? J’attendrai mes règles chaque mois… De toute façon, je l’aurai toujours, cette charge mentale », convient-elle. Les deux bénévoles insistent sur la communication nécessaire entre les partenaires, puisque, comme le rappelle Nicolas : « Il faut être transparent s’il y a un oubli, parce que ce n’est pas l’homme qui portera la charge d’une grossesse ensuite. » Ils conseillent de « penser à une méthode complémentaire, comme suivre son cycle, par exemple », et réaffirment l’importance d’un suivi médical.
Sur la table : café, croissants, brochures… Et anneau contraceptif.
Chloé Dasquet
Sujet tabou
« Est-ce que c’est gênant à porter, l’anneau ? », s’enquiert la jeune femme, concernée pour son partenaire. « Il y a des démangeaisons possibles les deux premières semaines, mais je ne sens plus rien, la rassure Nicolas. C’est comme mettre mon caleçon tous les jours, c’est devenu une habitude. »
Si Nolwenn assure parler de sa contraception très régulièrement avec ses amies, ce n’est pas le cas de Nicolas, qui « pensait ne pas avoir de choix à faire. Mais ne pas faire de choix, c’est déjà en faire un, regrette-t-il. Mes amis hommes voient cela comme une contrainte. C’est un sujet qui est évité. J’aimerais que ça devienne normal d’en parler. » « Ce n’est pas normal qu’on soit les seules à en parler et à avoir ce problème, alors qu’on est deux dans un couple », conclut sa copine.
Les bénévoles du Planning familial annoncent que des ateliers de fabrication de jockstrap et d’anneaux seront bientôt proposés dans le local bayonnais. Pour se tenir informé des événements, rendez-vous sur Facebook et Instagram (@planningfamilialpaysbasque).
(1) 47 Rue Maubec, 64 100 Bayonne, 09 83 86 73 06.