De tout temps, le château de Carqueiranne, bâtisse au style difficilement qualifiable, a suscité de nombreuses interrogations. Ancienne seigneurie provençale, elle daterait du XVIIe siècle. Très vite, Vincent Lamour, qui l’a rachetée en 2023, s’intéresse à l’histoire du « château Richet », du nom de la famille l’ayant acquis en 1873. Avant sa disparition, l’historien local René Ghiglione lui transmet ses connaissances. Vincent Lamour est stupéfait de la richesse des thématiques en lien avec le château, son architecture, les évènements dont il a été témoin et les personnages qui y ont séjourné. Il poursuit les recherches avec l’aide de Roger Reineri, agrégé de géographie et passionné par l’histoire du château. Var-matin vous propose de partager ces richesses et découvertes dans une série d’article. Aujourd’hui: focus sur le rachat du château en 2023.

Fils d’agriculteur, Vincent Lamour a grandi en Normandie, non loin des plages du Débarquement. Il reste discret sur ses études brillantes et sa réussite professionnelle. Marié, père de trois enfants, il confie seulement qu’à 48 ans, il a eu la chance de pouvoir donner un nouveau sens à sa vie en réalisant son rêve d’exploiter un domaine viticole. Un besoin de retour à la terre, tout en restant proche de la mer, la Méditerranée, cette fois.

Grâce à une annonce sur internet


Vincent Lamour et son épouse.

Avec le soutien de son épouse, Vincent Lamour se met en quête d’un vignoble. À ce stade, il n’est pas question de château ni de demeure historique. Déjà propriétaire d’une maison de vacances à Carqueiranne et passionné de sports nautiques, il n’imagine pas trouver ce qu’il cherche dans la commune. Le couple explore, à l’est et à l’ouest de Carqueiranne, via des agences spécialisées. « Nous ne pensions pas avoir le bonheur de trouver à Carqueiranne. À vrai dire, cela ne nous avait pas traversé l’esprit », confie-t-il.

C’est finalement grâce à une annonce sur Internet, qu’ils découvrent ce lieu unique. Un véritable coup de cœur! Et c’est avec une insatiable curiosité, une irrésistible envie d’apprendre et d’entreprendre que Vincent Lamour se lance dans ce projet familial ambitieux alliant terroir et patrimoine, à deux pas de la mer: un combo gagnant pour cet entrepreneur enthousiaste, qui parle volontiers d’un « projet un peu fou » mais qu’il embrasse avec optimisme et passion.

Il salue la « belle transition avec les précédents propriétaires », la famille Molinari. « Malgré leur attachement aux lieux, ils ont su nous faire confiance. C’est aussi grâce à eux que cette renaissance est possible ». Nombreux sont les Carqueirannais qui lui témoignent gratitude et reconnaissance pour la mise en valeur de ce patrimoine à l’entrée du village. Il est certain que son illumination à la nuit tombée contribue au rayonnement de la commune.

La renaissance d’un patrimoine exceptionnel

Depuis son acquisition en 2023, les travaux vont bon train. Interrogé sur l’ampleur de la restauration de la demeure du XVIIe, Vincent Lamour souligne que les fondations, les murs, les fenêtres et la charpente ont globalement bien résisté au temps. Toujours positif, il qualifie la bâtisse de « belle endormie » qui s’éveille peu à peu après un chantier de deux années. Planchers, façade, intérieurs, tout est repris, du sol aux plafonds jusqu’aux tentures, avec la volonté de restituer le rez-de-chaussée à l’identique de l’époque Richet (dernier propriétaire à l’avoir restauré). Le tout, en y intégrant des éléments de confort moderne comme la climatisation et un éclairage adapté. Créant un cadre à la fois simple et majestueux, un travail titanesque a été entrepris en extérieur.

La nature, qui avait repris ses droits de façon anarchique, a été canalisée: défrichage, plantation de nouveaux platanes et palmiers sur l’esplanade, création d’une allée de cyprès de Florence entre le château et la maison de gardien. Un impressionnant massif de plantes méditerranéennes entoure désormais une immense serre métallique en forme de chapelle, recouverte de chèvrefeuille.

Cette structure contemporaine, que Vincent Lamour nomme « chapelle végétale », dialogue subtilement avec la petite chapelle datant du XVIIe siècle à laquelle elle fait face, mettant en valeur l’ancien tout en assumant l’apport de modernité.