Il ne fera pas canard. Son activité nouvelle, la vente de canards de bain, ce commerçant de la rue Cassini la défend bec et ongles. Sans pour autant voler dans les plumes de ses propriétaires, pas d’accord avec ce créneau pas prévu dans le bail commercial.
Nous évoquions dernièrement l’univers ludique et tout jaune initié par Julien Pierrisnard dans son magasin du 3, rue Cassini où, depuis 2005, ce Niçois répare et recycle les smartphones, aidé de son épouse Eva et parfois de son fils Ylan.
Parallèlement, Julien a lancé, voilà une dizaine d’années, une consigne de bagagerie. Option qui, selon le commerçant, n’avait pas forcément trouvé grâce aux yeux des propriétaires des murs qui l’avaient finalement validée.
Mise en demeure
En début d’année, le bail commercial est renouvelé. Or, depuis l’automne, Julien a installé sur ses étagères 500 canards de bain en vinyle ou caoutchouc naturel.
Petits, moyens, grands, déclinés en policiers, cow-boys, footballeurs, princesses, marins… Des objets au parfum d’enfance, à collectionner ou à offrir.
L’idée, qui lui est venue en visitant une carterie en Italie, plaît. Au point de grossir la clientèle attirée, toutes générations confondues, par ces objets ludiques, décalés et personnalisés.
Sauf que cette nouvelle activité n’est pas du goût des bailleurs. Julien en est très chagriné: « Les propriétaires nous ont mis en demeure de ne plus les vendre et menacé de résilier notre bail. Je ne comprends pas… Notre bail n’est pas ‘tous commerces’, certes. Mais d’après l’agence chargée de la gestion de notre commerce, si l’activité ne dépasse pas 10% de notre chiffre d’affaires, il n’y a pas d’obligation à modifier le bail. Nous, nous sommes d’accord pour envisager des modifications du bail. Mais les propriétaires se positionnent davantage dans la résiliation. »
Un courrier et une rencontre prévue
Julien s’accroche malgré tout à ses volatiles couleur soleil. « Ils amènent la joie, la bonne humeur, une synergie. » En plus, il affirme « avoir toujours payé son loyer chaque mois depuis vingt ans ».
Du côté de Gestion Cassini, l’agence gestionnaire de l’établissement, on ne cherche pas à canarder Julien et ses oiseaux. Au contraire, on temporise, on cherche une solution.
« L’activité pratiquée dans ce magasin est une chose, les activités autorisées par le bail en sont une autre », rappelle le mandataire., qui reconnaît toutefois que « les commerçants peuvent avoir des activités connexes et annexes à condition de ne pas dépasser 10% du chiffre d’affaires. Ce qui est le cas ».
Et maintenant? Quel sort va être réservé aux canards? « Dans un premier temps, poursuit le gestionnaire, j’ai envoyé un courrier recommandé à M. Pierrisnard: il a un mois pour arrêter son activité liée aux canards. Toutefois, une rencontre avec les propriétaires est aussi prévue. On va essayer de négocier un accord relatif à la vente des canards, car elle amène un plus à l’activité commerciale. En revanche, si les propriétaires ne sont pas d’accord, un avocat prendra le relais et engagera une procédure. »