Gaëlle Crétiaux a grandi avec la mer pour principal horizon. Fille-poisson, elle nage, plonge, pratique la voile, la pêche sous-marine, surfe sur les vagues, l’océan est son terrain de jeu favori. Sa maison est face à la plage de Trescadec à Audierne, si bien que lorsqu’elle se lance dans la photographie, pour que ses amis la reconnaissent sur les réseaux, elle prendra le nom de « sa » plage comme pseudonyme. Gaëlle Crétiaux, kinésithérapeute à la ville, Gaëlle de Trescadec, auteure photographe à la scène. Tout est clair.
Jeune femme, elle pratique la photo en dilettante et ne pense pas encore à figer ses émotions sur des clichés. Mais Gaëlle est depuis toujours attentive au vent qui s’emballe et semble lui parler, au roulis assourdissant qui crache des galets sous la lumière de fin du monde d’un ciel chaviré. Elle est fascinée par la surpuissance des éléments, autant ébahie par la résistance des phares, des digues, des rochers que par l’irréalité du moment.
Suspendre le temps
La passion de capturer des images viendra petit à petit, puis l’envie irrépressible de suspendre ces instants. Elle organise alors sa vie professionnelle en fonction de ses prochaines captures et sort en mer, sur des zodiacs, des vieux gréements, des bateaux de la SNSM, des voiliers de compétition. Tout l’attire, elle immortalise le piqué des fous de Bassan, elle shoote des yachts en rade de Brest où elle habite alors, elle shoote à Saint-Guénolé, à Ouessant où elle prend des risques, devient audacieuse.
J’ai raté beaucoup de photos tant j’étais occupée à me tenir, tout en protégeant mon Reflex des éclaboussures
En 2014 sa rencontre avec les ligneurs du Raz de Sein va chahuter sa vie, sa première sortie se fait dans des conditions météo dantesques. « Sur la Chaussée, avec les hauts-fonds, les courants et la force du vent ce jour-là, les vagues se formaient de tous les côtés et semblaient prêtes à engloutir le bateau. J’ai raté beaucoup de photos tant j’étais occupée à me tenir, tout en protégeant mon Reflex des éclaboussures. J’ai cru un moment qu’on allait y passer. Je me suis dit, je vais mourir, tant pis, j’ai atteint mon Graal. J’étais entre l’effroi et l’ivresse du moment. J’ai continué à photographier en me disant que la carte SD serait peut-être récupérée… ». Heureusement, les photos qui ont contribué à sa renommée sont bien visibles et Gaëlle de Trescadec est toujours là, son vieux Reflex à portée de main.