C’est l’histoire d’une bande de copains, salariés à Monaco, qui souhaite partir à l’aventure ensemble, aux portes de l’Asie. Non pas que ce soit la première fois. Harley Glegg, Bastien Duvalet et Raphaël Boissy ont déjà quelques expéditions à leur actif. « Raphaël et moi, on s’est rencontrés en 2016 dans le monde professionnel et on avait les mêmes centres d’intérêt », retrace Bastien. Passé par le football et la course à pied, ce chef d’entreprise à son compte s’est laissé tenter par l’ultra, un format longue distance où le corps est mis à rude épreuve. « Raphaël faisait un peu de vélo, et moi aussi par le biais de mon fils. On est entrés dans un club et Harley nous a rejoints. La mayonnaise a pris. »
Raphaël, le doyen de la bande, baroudeur dans l’âme et « touche-à-tout », avait déjà participé en 2020 à AURA, une course vélo du championnat BikingMan de 1.000km en Auvergne Rhône-Alpes. « Il est revenu en nous disant qu’il fallait le faire. Du coup, on a fait l’équivalent en 2022 au Portugal, toujours sur 1.000km. »
« On est un peu maso quand même »
C’est alors le début d’une (longue) série d’aventures sur plusieurs continents. Et ce, malgré les douleurs subies par les organismes.
« Quand on a terminé cette course au Portugal, Harley avait les doigts crochus. Moi, j’ai perdu les pinces des deux mains. Pour autant, au bout de trois ou six mois – ce n’est pas qu’on oublie, parce que le corps vous le rappelle quand même – mais on se dit ‘‘allez, on y retourne’’. On est un peu maso quand même, parce qu’on est dans la douleur mais on resigne. »
Taïwan, le Sri Lanka, les Alpes-Maritimes, le Maroc, la Corse… Le trio a avalé des milliers de kilomètres sur les différentes étapes du championnat du monde d’ultracyclisme. « Ce sont des courses sans assistance, poursuit Bastien. On nous donne un tracker qui permet d’avoir notre trace sur nos GPS, et on a pour mission de la suivre et d’arriver le plus tôt possible en 120 heures maximum. »
« Le vélo permet d’être au contact de la nature »
Photo DR.
Entre-temps, il n’est pas impossible de faire une micro-sieste sur le banc d’un abri de bus, de croiser un serpent dans ses phares en pleine nuit… bref, des péripéties où le mot « aventure » prend tout son sens.
« Ce qu’on aime par-dessus tout, c’est découvrir la nature, explique l’homme de 47 ans. On ne voyage pas dans les villes. À chaque fois, on cherche toujours un côté exotique. La course au Sri Lanka, c’était la première fois que j’allais en Asie. On découvre autre chose, c’est très enrichissant culturellement. On voit des paysages auxquels on n’est pas habitué. On a des conditions météo qui sont extrêmes, un taux d’humidité énorme. C’est un dépaysement total. En plus, on est dans un cadre naturel qui est extraordinaire. »
« Le vélo, en plus d’être à la bonne vitesse, permet d’être au contact de la nature puisqu’on n’est pas derrière une carrosserie, estime Raphaël. On peut aller dans des endroits qui sont inaccessibles en voiture. Et puis cela ouvre le dialogue avec des gens qui prennent du temps pour discuter et nous aider. Au Sri Lanka, j’ai perdu mon casque et j’ai dû en racheter un. Les gens ont fait un maximum d’efforts pour me venir en aide. On m’a emmené à quelques dizaines de kilomètres pour que je puisse en racheter un. J’ai fini la course avec un casque de moto. [rires] »
Istanbul, le début d’une nouvelle ère?
Aujourd’hui, la bande d’amis s’apprête à se lancer dans un tout autre défi. Cette fois, en autonomie. Rallier le Bosphore entre eux, sans aide extérieure.
« On sentait qu’on avait fait le tour de ce que pouvaient nous apporter des courses encadrées par une organisation, explique Raphaël. Ces formats nous ont permis de grandir, d’acquérir de l’expérience et de voir précisément ce qui nous faisait vibrer. Là, on se sent capable de prendre une liberté beaucoup plus importante. »
Pourquoi Istanbul? « On s’était fixé autour de 3.000km. Là, on sera à la frontière entre deux continents et je trouve l’idée magique. »
Pour le moment, les trois cyclistes ont un point de départ et d’arrivée avec un tracé réalisé à l’aide d’outils numériques plus ou moins précis.
Au programme, près de 2.900 kilomètres et un périple de 14 jours à travers une dizaine de pays.
« Il n’y a aucun stress, on a hâte de partir, trépigne Raphaël. On sait qu’on trouvera une solution à chacun de nos problèmes. C’est l’aventure. Il est possible qu’on fasse 3km d’autoroute et il est aussi possible qu’on se tape une montagne avec les vélos sur l’épaule. On sait qu’on aura la force de s’adapter. »
« On ne va pas se stresser si on n’a pas trouvé d’hébergement à 22h »
S’adapter, il faudra le faire aussi pour se restaurer. « On mangera ce qu’on trouvera, ce n’est pas un problème, assure Bastien. Il faudra faire avec ce qu’on a autour de nous et on a des gels au cas où. »
Idem pour trouver un abri chaque soir. « On aura deux solutions: soit on trouve, soit on ne trouve pas. S’il n’y a pas, on roule. On ne va pas se stresser si on n’a pas trouvé d’hébergement à 22h. On ne va pas se stresser non plus si à 2h du matin on a un coup de mou et qu’on est obligé de se poser contre un abri de bus, une fontaine ou un sanitaire public. On l’a déjà fait, on sait que c’est possible. On va le prendre comme ça vient, en positivant. »
Ce vendredi, un moment de convivialité est prévu dès 8h30 au Club bouliste du Rocher avant le départ prévu à 9h30 devant le ministère d’état.
* Pour les amateurs de vélo, il est possible de venir les soutenir au départ – ils marqueront un arrêt sur la place du Palais – et de les accompagner au moins jusqu’au Larvotto.