Le Rouen Normandie Rugby repart pour sa deuxième saison en Nationale et sera compétitif pour ambitionner la montée en Pro D2.
Rouen ne voyagera pas dans l’inconnu pour la saison à venir. Le club a bien vécu sa première année en Nationale et sait maintenant à quoi s’attendre. À chaque saison sa vérité, et pour faire mieux qu’une demi-finale, il a fallu faire un recrutement intelligent mais aussi mesuré. Le poste d’arrière-ailier semble comblé avec l’arrivée de Theo Bastardie, mais les départs conjoints de Opetera Peleseuma (Orléans) et Marin Boulier (Vannes), sont compensés par la seule arrivée de Jack Metcalf pour le moment, ça laisse un trou au centre et cela va obliger le staff à être inventif. En effet, pour le moment aucune recrue en plus, spécialiste au poste, est annoncée, il faudra donc faire avec l’effectif actuel ou promouvoir des espoirs.
Car c’est ce que Rouen fait bien, faire monter ses jeunes, quelques-uns ont tiré leur épingle du jeu déjà (Cassonnet à la mêlée, Chayla à l’arrière ou Eudier en troisième ligne pour ne citer qu’eux). D’ailleurs les espoirs ont recruté des jeunes très prometteurs pour la saison à venir (Khakhubia, talonneur géorgien, Mastrangelo, un deuxième ligne italien international U18, ou Grignon en provenance de l’UBB) qui seront dans les mains expertes de Nicolas Morazin et de Grégoric Bouly (replacé dans l’encadrement de la mêlée des espoirs après avoir été auprès des pros cette année), avec qui sait une entrée dans la rotation avec les pros sur des postes ciblés.
Une académie à Rouen ?
Du côté de la présidence, on a su aussi tirer les enseignements du passé, la saison écoulée a été compliquée à finir, il a donc fallu faire des choix. « On a la chance d’avoir des partenaires institutionnels et privés qui nous renouvellent leur confiance, même si la réalité économique est compliquée. On fait des efforts, des choix, pour partir sur un budget autour des 5 millions d’euros, 4 de la SA, et 1 de l’association », confie le président Philippe Marty.
L’arrivée d’un joueur comme Pierce Philipps en provenance de Grenoble aurait pu affoler les compteurs mais là encore, le président a été pragmatique. « Il était en fin de contrat à Grenoble, on nous l’a proposé, on a vite discuté avec lui qu’on ne pourrait pas lui offrir ce qu’il touchait dans les Alpes en ProD2 (11 000 € bruts par mois selon nos sources, N.D.L.R.). Il l’a compris et on s’est vite mis d’accord. La situation géographique de Rouen fait que pour les Anglo-Saxons c’est un point de chute idéal qui les rapproche de leur famille. » Il faut donc savoir utiliser tous ses atouts, et avoir une vision économique lucide. Rouen ira faire des matchs amicaux dans la région parisienne (Suresnes) ou l’ouest de la France (Rennes), car cela permet un départ le matin et un retour dans la nuit, pas d’hôtel à prévoir, donc une économie importante là aussi.
La Ligue via la FFR a accordé à Rouen la possibilité de créer une Académie (ancien pôle espoirs), qui permettra de garder les meilleurs jeunes sur le secteur. En effet, dès les Crabos voire Alamercery, des potentiels sont repérés. Avant, elle se situait à Tours pour le secteur, et maintenant la plus proche est à Vannes, donc logiquement les jeunes s’y dirigent et les meilleurs y restent. Ce tuilage est nécessaire pour la Normandie et la FFR le leur a accordé. On est donc sur une vision sur le long terme, et secrètement Rouen espère aussi avoir moins de blessés cette saison, vœu pieux on le saura vite.
Deux têtes valent mieux qu’une
Sur son bilan, Rouen a été au-delà des objectifs de début de saison (un top 6). Rouen s’est incliné en demi-finales en finissant quatrième de la saison régulière. Pour cette nouvelle saison, l’ambition est tout autre. Le club va forcément vouloir faire mieux, une qualification directe pour les demies finales par exemple. Car on n’oublie pas, qu’à la cloche annonçant sa descente de Pro D2, Rouen avait fixé une remontée en deux ans, et on aborde la seconde année. »La poule était relevée la saison passée, elle l’est encore pour la saison à venir. La Nationale est une vraie antichambre du Pro D2 aujourd’hui et au moins la moitié des clubs ambitionnent d’y aller, tout comme le Pro D2 est l’antichambre du Top14″, analyse Yannick Nyanga, qui reste à Rouen en charge de la défense, la touche et la mêlée, épaulé pour ce dernier point par Karlen Asieshvili. Car Rouen a décidé de confier le management et le coaching du groupe à un duo, Romain Sola et Yannick Nyanga.
Peu d’arrivées
Le premier était déjà là sous les ordres de Sébastien Tillous-Borde et il avait pris le leadership sur le terrain à la suite du replacement de Jérôme Dunay en manager l’an passé. Yannick Nyanga est arrivé en avril pour intervenir ponctuellement sur la défense et a décidé de rester. Les deux se sont trouvés et forment aujourd’hui le duo qui a pour mission de conduire le RNR à bon port. « Nous sommes très contents d’avoir retrouvé un groupe qui s’est préparé pendant la trêve. On a pu attaquer direct le concret, on gagne du temps sur notre programme, le groupe est investi, les rôles sont bien définis », confie Romain Sola.
Concernant l’effectif, Rouen a recruté peu mais des potentiels acquis (Phillips de Grenoble) ou à développer (Metcalf et Bastardie), la perte de Marin Boulier qui avait prolongé en mai et qui finalement est parti à Vannes a pu être digéré rapidement. « On est vraiment contents de l’évolution de jeunes joueurs qui ont intégré le groupe sans aucune garantie et qui ont trouvé du temps de jeu, Alois Chayla, Ernest Eudier, Octave Leleu, pour ne citer que ceux-là. On va donc continuer ce travail-là car ça envoie un message positif à nos espoirs, la porte est ouverte », affirme Sola.
Il reste des interrogations : Joaquin Riera est toujours sous contrat mais son avenir est plus que compromis, suite à plusieurs commotions ; Soulémane Camara a retenté cette année mais son genou est vraiment mal en point ; enfin, Corentin Vernet a décidé de se faire opérer d’une épaule, pour une absence annoncé de plusieurs mois. Le chantier s’annonce donc ardu mais les outils sont en place pour le mener à bien.